Qui n'a pas entendu parler de "Shame", avec son concept subversif, son synopsis plein de promesses (tenues) de zizis à l'écran et son affiche élégamment bandante ? Peut-être mes quarante-deux visiteurs de Suisse (Tom*21+ZZ*21?), chez qui tous les films arrivent avec un retard des plus désarmants. A leur attention, donc : "Shame" est l'histoire d'un homme sex-addict qui organise ses journées autour de sa délicieuse obsession, jusqu'à ce que l'arrivée soudaine de sa sœur dans son appartement et sa vie vienne bouleverser ses petites habitudes physiques. Maintenant, chers Suisses et autres, vous pouvez constater à quel point le concept est subversif, le synopsis plein de promesses de zizis à l'écran et même l'affiche élégamment bandante :
Avant toute chose, précisons que Brandon est joué par Michael Fassbender et Sissy par Carey Mulligan. Autrement dit, certainement les acteurs parmi ceux qui auront le plus brillé en 2011. Leur rencontre cinématographique était à prévoir, et le résultat produit autant d'étincelles que ce que l'on avait espéré. Ces excellents comédiens vont porter le film à eux seuls, lui donner sa substance là où l'intrigue pêche un peu parfois, en faire une œuvre sombre et captivante, par l'alchimie qui se crée (qu'ils créent?) entre eux, avec une relation fraternelle complexe et puissante. Ils éclipsent absolument tous les autres acteurs, au point de ne même plus se souvenir de l'un d'entre eux.
Et ils sont sertis dans une mise en scène soignée. En effet, la réalisation, dure et froide, vogue tout à fait sur la même vague que celle des films du même genre de ce début de décennie : "The Social Network", "Blue Valentine", "Winter's Bone"... C'est-à-dire quelque chose de précis, de glacial, de désincarné, sans concession. Très masculin et au final tellement travaillé qu'un peu trop lisse. C'est réfléchi et donc plaisant, mais cela dessert parfois un peu le film, qui aurait sans doute gagné à une mise en scène plus riche, plus charnelle, plus chaude, en quelque sorte, à l'image de cette troublante séquence avant la fin.
L'histoire se repose elle aussi un peu trop sur son concept. Il semble que, fière d'avoir osé le pas de traiter un sujet aujourd'hui encore si délicat, elle n'aille pas jusqu'au bout. Ainsi, les réactions des personnages, même les plus poignantes, ne surprennent que rarement, et le déroulement de l'histoire paraît certes logique mais aussi un peu évident. Cela ne retire heureusement rien à la tension générée par certaines scènes, et notamment par la séquence de la dernière nuit, où l'inévitable est là encore en train de se produire, mais d'une façon qui motive l'intérêt du spectateur, espérant jusqu'à la dernière seconde s'être trompé, malgré les incessants indices de mise en scène et d'écriture. Mais le film se termine sur un cruel manque d'ambition.
Car quitte à s'intéresser à ce thème universel, on voudrait alors que le film aille encore plus loin, là où il ne fait qu'exhiber sans cesse des moments se voulant choquants qui ne font qu'effleurer la surface de la sexualité, au lieu de la pénétrer, fort à propos. On aurait voulu un développement plus en profondeur de la psychologie des personnages. Connaître leurs peurs, leurs motifs et leur salut. Explorer davantage le puissant prémisse de cette relation conflictuelle. En venir réellement au cœur ténébreux de la jouissance.
Avant toute chose, précisons que Brandon est joué par Michael Fassbender et Sissy par Carey Mulligan. Autrement dit, certainement les acteurs parmi ceux qui auront le plus brillé en 2011. Leur rencontre cinématographique était à prévoir, et le résultat produit autant d'étincelles que ce que l'on avait espéré. Ces excellents comédiens vont porter le film à eux seuls, lui donner sa substance là où l'intrigue pêche un peu parfois, en faire une œuvre sombre et captivante, par l'alchimie qui se crée (qu'ils créent?) entre eux, avec une relation fraternelle complexe et puissante. Ils éclipsent absolument tous les autres acteurs, au point de ne même plus se souvenir de l'un d'entre eux.
Et ils sont sertis dans une mise en scène soignée. En effet, la réalisation, dure et froide, vogue tout à fait sur la même vague que celle des films du même genre de ce début de décennie : "The Social Network", "Blue Valentine", "Winter's Bone"... C'est-à-dire quelque chose de précis, de glacial, de désincarné, sans concession. Très masculin et au final tellement travaillé qu'un peu trop lisse. C'est réfléchi et donc plaisant, mais cela dessert parfois un peu le film, qui aurait sans doute gagné à une mise en scène plus riche, plus charnelle, plus chaude, en quelque sorte, à l'image de cette troublante séquence avant la fin.
L'histoire se repose elle aussi un peu trop sur son concept. Il semble que, fière d'avoir osé le pas de traiter un sujet aujourd'hui encore si délicat, elle n'aille pas jusqu'au bout. Ainsi, les réactions des personnages, même les plus poignantes, ne surprennent que rarement, et le déroulement de l'histoire paraît certes logique mais aussi un peu évident. Cela ne retire heureusement rien à la tension générée par certaines scènes, et notamment par la séquence de la dernière nuit, où l'inévitable est là encore en train de se produire, mais d'une façon qui motive l'intérêt du spectateur, espérant jusqu'à la dernière seconde s'être trompé, malgré les incessants indices de mise en scène et d'écriture. Mais le film se termine sur un cruel manque d'ambition.
Car quitte à s'intéresser à ce thème universel, on voudrait alors que le film aille encore plus loin, là où il ne fait qu'exhiber sans cesse des moments se voulant choquants qui ne font qu'effleurer la surface de la sexualité, au lieu de la pénétrer, fort à propos. On aurait voulu un développement plus en profondeur de la psychologie des personnages. Connaître leurs peurs, leurs motifs et leur salut. Explorer davantage le puissant prémisse de cette relation conflictuelle. En venir réellement au cœur ténébreux de la jouissance.
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