lundi 30 janvier 2012

"Tomboy", Céline Sciamma

C'est la touchante et tragique histoire d'un enfant qui est le fils et le grand frère parfaits, et qui arrive à se faire des amis et même une amoureuse dans son nouveau quartier... mais qui, à son grand dam, est en fait une fille.


Pour une telle histoire, tout repose presque entièrement sur le casting du rôle principal, bien évidemment. Le choix de Zoé Héran pour interpréter Laure/Mikaël est impeccable : la très jeune actrice, légèrement grimée, parvient à une apparence parfaitement androgyne. Tant et si bien qu'elle finit par ressembler encore plus à un petit garçon. Tant et si bien que l'on a très souvent du mal lors du film à se rappeler qu'il s'agit en fait d'une petite fille. Tant et si bien que l'on en vient à oublier le tout parfois parfois et penser que c'est un petit garçon qui cache un autre secret. Et c'est peut-être là la plus belle réussite du film : brouiller les limites du genre jusque dans l'esprit du spectateur. Que Laure soit Laure ou Mikaël, pour finir, n'a plus d'importance pour personne. Cela tient aussi bien sûr à un minutieux travail de direction de Zoé Héran, qui, malgré le recours fréquent à la même expression, offre une performance assez remarquable pour un enfant, parvenant à ne jamais être agaçante et toujours juste.


Au-delà du portrait d'une enfant qui est dramatiquement née dans le mauvais corps, "Tomboy" est avant tout un récit sur un âge de la vie. C'est en effet une fascinante plongée dans l'enfance qu'effectue là Céline Sciamma, avec une justesse incroyable. Il est impossible de ne pas être acculé par de nombreux souvenirs personnels et intimes lorsque l'on regarde "Tomboy" : les occupations et les préoccupations des enfants y sont retranscrites avec la candeur et l'innocence nécessaires. La photographie et la réalisation, douces et affutées, contribuent à créer cette ambiance de jeux et de premières fois. L'intelligente caméra de Sciamma capture ainsi l'enfance dans tout ce qu'elle a de beau et de cruel, d'insouciant et de soucieux, de doux et de violent. A ce titre, les relations entre les personnages sont crédibles et recherchées : les amitiés infantiles et les premières amours sont touchantes, dans leur côté dérisoire et pourtant indispensable. En ce qui concerne les parents, Mathieu Demy et Sophie Cattani sont bons mais leurs personnages apparaissent un peu trop parfaits dans leur ouverture sans faille à la potentielle transsexualité de leur fille de dix ans : une simple discussion entre les parents aurait suffi à régler le problème. Si le personnage de la petite sœur est parfois un peu trop instrumenté pour faire sourire le public, ce léger défaut est totalement éclipsé par le portrait touchant d'une relation sororale qui se déroule en toute simplicité.

En fait, le film semble nous dire tout simplement que, concernant les choses qui peuvent nous sembler étranges, il suffit tout simplement de les considérer autrement pour qu'il n'y ait plus aucun problème. Une réussite pour Céline Sciamma.


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