mardi 28 juin 2011

"Blue Valentine", Derek Cianfrance

Les éloges, les critiques et, encore une fois, l'affiche m'ont fait imaginer une sorte de "Blueberry Nights" version dark, avec autodestruction et impossibilité amoureuse en stock. Mon seul esprit retors est responsable de telles pérégrinations mentales : le film, quant à lui, ne ressemble pas à cela, mais donne tout de même une vorace boule dans la gorge.

  
"Blue Valentine" réunit Michelle Williams (contre qui j'avais beaucoup d'a-prioris à jamais évaporés) et Ryan Gosling dans une histoire d'amour en deux époques et deux tons. Le thème en lui-même, celui de la décrépitude amoureuse, n'a rien d'original et le procédé narratif utilisé non plus ("Annie Hall" dont je parlais il y a quelques jours l'a fait bien avant lui). C'est alors d'autant plus impressionnant que le film puisse briller à ce point, justement par l'utilisation de maître de cette double temporalité (le bonheur de la rencontre et la mélancolie due au temps passé) et le traitement parfait de ce thème qui a fait tant couler d'encre.

C'est ainsi que l'on suit Dean et Cindy, de leur rencontre au déclin de leur mariage. Les séquences sont habilement montées, permettant de dresser des parallèles qui, à travers le temps, accentuent les émotions, les rendant d'autant plus subtiles et sublimes. Le réalisme dont fait preuve le film est sans précédent, et cela justifie très amplement la lenteur et la tristesse qui empreignent le déclin des sentiments écrasés par le quotidien : si ces deux éléments ont parfois été reprochés au film, ils en font au contraire toute sa qualité.



Ils sont aidés en cela par une réalisation à la fois intime et efficace, et par le jeu étincelant des deux têtes d'affiche, vibrants de sincérité, que ce soit Michelle Williams, fragile et déterminée à la fois, ou Ryan Gosling, entier et émouvant. Les deux virtuoses donnent vie à ce couple dans toutes ses dimensions et nous emmènent dans ses moments les plus beaux comme les plus durs, sans exhibitionnisme mais sans retenue, et toujours avec cette impression de vérité frappante et viscérale.


La beauté cruelle du film se poursuit jusque dans son poignant générique de fin, dernier étalage de souvenirs méchamment jaunis par le temps. La dissection presque scientifique prenant lieu tout le long du film trouve là une froide conclusion, et l'état dans lequel on se retrouve malgré soi à la sortie ne dépend que de ce que l'on veut bien en retenir et en déduire.

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