mardi 17 janvier 2012

"Let My People Go !", Mikael Buch

Ruben est un Juif homosexuel français habitant en Finlande. Le décor est posé ? Ajoutez à cela qu'à cause d'un burlesque malentendu, il va se retrouver sans emploi, sans amoureux et sans pays, et devoir s'en retourner dans sa famille très traditionnelle et un peu timbrée, sans jamais savoir où est sa place. Mikael Buch présente donc un film porté à bout de bras par Nicolas Maury, son acteur principal, au milieu d'une réflexion sur la religion, la famille, la sexualité, l'amour et tutti quanti.


Avec une mise en scène amusante, volontairement et délicieusement kitsch, le film se fraie une voie dans la comédie. Malgré ses multiples maladresses, il présente néanmoins plus d'originalité que quinze autres comédies françaises réunies, qui vient faire efficacement oublier la pauvreté de l'histoire qui ne se résumera qu'à une succession de scènes drôles ou ratées lors d'une pérégrination du personnage au milieu des membres loufoques de sa famille alors qu'il cherche à retrouver un sens à sa vie et une réponse à ses questions. Contre toute attente, le résultat tient alors la route par le charme désuet des films qui ne se prennent pas au sérieux, assument leurs erreurs et apportent une ambiance joyeuse et hétéroclite à une jolie histoire d'amour.


Au vu du synopsis, vous pouvez aisément comprendre que c'était donc là un concept parfaitement casse-gueule. Parler pédé au cinéma, c'est un peu épineux. Parler juif, ça l'est tout autant, en fait. En ce qui concerne ce dernier aspect, le bât blesse immédiatement... Si l'on a l'impression que le film tente de nous dire "oui c'est cliché mais les clichés existent pour des raisons", on en garde surtout l'idée écourtée de "oui c'est cliché". A ce titre, s'enchaînent des situations toujours rocambolesques et certes parfois comiques, mais trop dans la démesure superflue. Cependant, ce thème omniprésent parvient à se fondre relativement avec celui de la famille et les portraits de chaque membre se succèdent avec aisance et humour, par un montage intéressant qui, en réalité, ne laisse pas de place à l'ennui malgré la relative vacuité de l'intrigue en tant que telle. En effet, beaucoup de scènes, misant trop sur le potentiel d'une situation, prennent un peu l'eau, mais tout cela sera finalement compensé par les doutes idéologiques de Ruben, sublimés en une très jolie scène de discussion avec le rabbin.


Au contraire, en ce qui concerne le traitement de l'homosexualité, notamment dans une famille religieuse, le scénario de Mikael Buch s'en tire plutôt haut la main : les membres de la communauté connaissent et acceptent à leur façon l'orientation sexuelle de Ruben, qui lui-même la vit bien. Les différentes réactions sont recueillies avec une grande justesse, notamment les réticences rationnalisantes maternelles et le grand frère bourru mais jamais homophobe. Le film est bien sûr aidé en cela par l'interprétation très naturelle et spontanée de Maury et par sa voix de tapette. A l'image de tous les autres aspects de l’œuvre, si des dérives sont constatées (toute cette histoire burlesque, exagérée et trop longue avec le vieil avocat), elles sont largement rattrapées par des moments simples d'une redoutable émotion (subjectivité inside), notamment dans les difficultés de la mère, finalement vaincues lors de la scène finale qui parvient à transformer ce film qui jongle entre les genres en pure et réelle histoire d'amour.


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