jeudi 12 janvier 2012

"La Délicatesse", David et Stéphane Foenkinos

Reprenons. "La Délicatesse" est d'abord un livre de Stéphane Foenkinos (je me rends soudain compte que je n'ai pas la moindre idée de prononciation de ce nom; mais ceci est un blog, ça se passe à l'écrit, et non pas à l'oral où vous pourriez tous jouir de ma voix de tapette : la vie est bien faite, finalement). Face au succès du roman, il l'a adapté au cinéma avec son frère David. Et la bande originale a été réalisée par Emilie Simon, même qu'on en parle ici (à chaque fois que je fais un lien comme ça, j'ai peur du syndrome "pièce jointe", de quand on écrit tout un mail à propos d'un fichier attaché et qu'on ne l'envoie pas ; ben là j'ai peur d'oublier le lien à la relecture. Vous me tiendrez au courant). Et cela parle d'une fille, jouée par Audrey Tautou, dont le mari (Pio Marmaï) décède brutalement, la laissant veuve éplorée jusqu'à sa rencontre avec un Suédois interprété par François Damiens. Maintenant, attention, place aux préjugés. C'est un film classé "comédie romantique", c'est le premier film des réalisateurs dont un est avant tout romancier, ce n'était diffusé qu'à l'UGC et ça fleurait de loin le joli navet mal adapté. Bon. En fin de compte, il ne s'en tire pas trop mal.


Ainsi, l'histoire est ce qu'elle est. Pas énormément de surprises et beaucoup de détours. On ne comprend pas bien pourquoi elle commence à ce moment-là (laissant une vingtaine de minutes consacrées au couple avant l'accident) ni pourquoi elle se termine à cet autre moment. Cet effet in medias res raté délimite mal l'histoire, et une histoire mal cernée, ce n'est jamais bon. D'autant plus si c'est pour zapper purement et simplement le deuil avec une ellipse, certes joliment filmée, mais regrettable, de trois ans, supprimant une bonne partie du potentiel dramatique du récit. Le film consacrera alors le reste de sa durée aux hésitations des personnages, assez interminables par ailleurs. Cela dit, l'ennui ne perce que très peu, grâce à la façon dont la narration est amenée : avec humour, soin et, si j'ose dire, délicatesse.


Délicatesse qui frôle parfois la niaiserie, voire la bêtise ("Je vais tomber amoureux. C'est ridicule !" *s'enfuit* : en effet, c'est ridicule.) mais qui est sauvée par cette sincérité béate et constante, notamment amenée par le jeu simple et amusant de François Damiens. Impeccable en Suédois paumé, il forme contre toute attente un duo assez efficace avec Audrey Tautou, dont la diction est toujours aussi digne de la bouchère insomniaque, mais dont la fragile posture fait toujours son effet. Étonnamment, ce couple fonctionne d'ailleurs davantage que celui avec Pio Marmaï, qui semble un peu là entre-deux, en tant que faire-valoir. En face, on oubliera au plus vite Mélanie Bernier, à l'interprétation digne des plus grandes publicités pour produit vaisselle, et le maniérisme désormais habituel d'Ariane Ascaride. Et on saluera chaleureusement Joséphine de Meaux, qui offre une performance remarquable, ajoutant une corde à l'arc bien tendu de cette actrice française trop méconnue.


Bien sûr, la mise en scène reste très basique, mais ne tombe pas dans le fameux écueil "téléfilm du mardi à quinze heures trentes sur la deux". Au contraire, les frères Foenkinos s'aventurent même parfois à quelques gentilles excentricités, en cela portés par la musique d’Émilie Simon, dont l'adéquation avec le film est difficile à juger pour moi, puisque je connaissais déjà les chansons, mais qui me semble assez appropriée. Peut-être est-ce pour mieux retranscrire la narration du livre, tache d'autant plus aisée que l'auteur est réalisateur. Je ne l'ai moi-même pas lu, et tant mieux, car je pense que j'aurais été déçu, l'écriture se caractérisant a priori par un humour qui n'est presque jamais retrouvé dans l'adaptation. C'est dommage, car le film aurait gagné à avoir plus de relief et de piquant. Il n'en reste pas moins une œuvre agréable, cohérente et sans prétention.

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