dimanche 26 juin 2011

"X-Men : First Class", Matthew Vaughn

J'ai toujours été fan des X-Men. Leur histoire, leurs pouvoirs, les personnages m'ont toujours parlé, et le fait qu'ils aient traversé les années sans prendre de rides dans leur popularité m'a toujours semblé révélateur. C'est ainsi que pendant mon adolescence, la trilogie de films m'a plu, et ce sûrement davantage parce qu'elle traitait des X-Men que pour une réelle qualité cinématographique, comme je m'en rends compte aujourd'hui. Pour ce nouvel opus, le concept de revenir dans le passé me plaisait et était nourri par toutes les critiques positives que j'en entendais. Je voulais vraiment apprécier le film, retrouver cet émerveillement de mes quatorze ans, et  me laisser porter par l'histoire et son habituelle balance entre le rêve de la science-fiction et sa portée réaliste. Malheureusement, mon côté PIFBP a dû encore frapper.


X-Men part avec un grave problème : il s'agit de transposer des personnages et des situations éminemment "cools" à l'époque de leur publication, dans un film d'aujourd'hui mais qui traite de cette dite époque. De quoi s'emmêler les pinceaux, et malheureusement, le film se prend souvent les pieds dans un kitsch mal amené et non assumé. Cela se retranscrit aussi bien dans des éléments imputables à la mythologie X-Men (pseudonymes, costumes...) que dans des choix de mise en scène absolument répugnants et une réalisation se voulant beaucoup, mais alors beaucoup trop grandiloquente. Les plans sont rarement soignés, avec des images qui se déforment par une caméra non maîtrisée, et frisent souvent le ridicule, n'assumant jamais un second degré qui aurait été salvateur. A trop vouloir faire dans le spectaculaire, le film en devient la plupart du temps grossier et primaire.

Le scénario, malgré un certain nombre de qualités, pêche aussi par sa simplicité. Le but était donc d'expliquer comment les X-Men ont été constitués, comment Charles Xavier et Erik Lehnsehrr, d'amis, sont devenus les ennemis jurés que l'on connaît, comment le monde a entendu parler pour la première fois des mutants. Malheureusement, le film, en bon blockbuster, se consacre trop aux combats, aux effets spéciaux et compagnie pour traiter le sujet suffisamment en profondeur. Quand ces questions sont résolues, elles le sont sans la moindre surprise, nous laissant nous demander "Euh... C'est tout ?". Tout ça pour ça ; le potentiel pour un scénario d'une réelle complexité était pourtant là. Ici, la division entre Professeur X et Magneto se fait sans panache.


Les X-Men ne sont pourtant jamais aussi beaux, jamais aussi intéressants que quand on s'approche de leur psychologie, tant ils sont tous brisés par l'intolérance de leurs pairs. Si, par moments, le film s'y attache, il ne creuse jamais vraiment le sujet, divisant ses personnages en deux catégories sans davantage y réfléchir. Alors, ceux-ci n'ont plus que leurs cools petits pouvoirs pour faire parler d'eux. La multiplicité des personnages dans un film où le développement de leur psychologie n'est pas la priorité prend alors la forme d'une galerie de personnages qui ne sont que des prétextes à effets spéciaux. De plus, le casting est loin d'être parfait. James McAvoy, malgré une direction moyenne, s'en sort avec les honneurs, et Michael Fassbender est aussi très bon. Dans les rôles secondaires, c'est Nicholas Hoult qui marque le plus par son emprise totale sur son personnage. On regrettera par contre certains choix de belles gueules qui ne savent néanmoins pas jouer, avec surtout January Jones parfaitement mauvaise, et d'autres tous plus oubliables les uns que les autres.


Néanmoins, on appréciera les nombreux clins d'oeil et références au futur ou aux autres films. En faisant une recherche sur le film, j'ai appris que le grand Joss Whedon, dont je suis un fanatique avéré pour son travail notamment sur Buffy the Vampire Slayer (meilleure série au monde, j'y reviendrai), Angel ou Firefly, avait aidé au scénario. C'est sans surprise son travail qui est responsable du point qui m'a particulièrement plu (cf. PIFBP) : l'éternel parallèle entre les mutants et les homosexuels. C'est un sujet qui a toujours été présent dans la série de films "X-Men", comme le disait par exemple Ian McKellen (Magneto dans la trilogie) à l'époque, comme Whedon lui-même l'explique et comme beaucoup d'articles le soulignent sur le net.
Ici, quand la mutation de Hank est révélée et que celui-ci explique à son patron "I was never asked, so I never told.", la référence à la loi "Don't Ask, Don't Tell" qui recommande aux soldats américains homosexuels de ne pas révéler leur orientation, et aux autres de ne pas le demander à leurs camarades, est on ne peut plus claire. Le film tourne donc ainsi autour du sujet de l'intolérance, par quelques passages, et ce genre de moments prouve sa capacité à la subtilité, rendant d'autant plus cruelle son absence le reste du temps. Le film souffre de son côté grand public, et perd trop de temps en combat et en explication bêbête de ce qui est en train de se passer, au lieu de se consacrer à cette fascinante et retentissante psychologie des personnages.


Le film possède au moins le mérite de ne pas trop tomber dans le piège du cliché Américains VS. Méchants Communistes, en se rattrapant par sa fin qui fait voir les choses d'un angle nouveau. Il parvient également à créer de vrais moments de tension et de suspense, malgré un ensemble bien trop kitsch et maladroitement grandiloquent, et permet de se raccrocher à certains moments qui laissent entrevoir le potentiel des personnages dans leur psychologie mais laissent le spectateur sur sa faim.

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