lundi 16 janvier 2012

"Louise Wimmer", Cyril Mennegun

Louise Wimmer, bientôt cinquante ans et un visage taillé au couteau, vit dans sa voiture après un échec familial. Entre un travail miteux, les dettes qui s'accumulent de toutes parts et les demandes sans cesse différées pour avoir un appartement, elle tente de résister à la pression.


Louise Wimmer est Corinne Masiero. Cette phrase digne d'une promotion américaine, tout le monde s'entête à le répéter, et pour cause : Corinne Masiero est Louise Wimmer, Louise Wimmer est Corinne Masiero. Une telle adéquation de l'acteur au personnage n'avait pas été remarquée depuis longtemps ; la performance est incroyable. Le film tient de tout son poids sur les maigres épaules osseuses de l'actrice, qui semble se jeter corps et âme dans la peau de l'héroïne à chaque scène. Ainsi, tout "Louise Wimmer" tient sur Louise Wimmer, qui tient sur Corinne Masiero. En conséquence, la réalisation, quant à elle, se fait souvent gentiment oublier, un peu simple et frileuse, avant de percer à travers des idées de mise en scène absolument géniales, comme la magistrale et courte scène où Louise voit une prostituée tourner autour de sa voiture, comme l'idée et la hantise de devoir elle aussi s'y résoudre, juste après une scène où le spectateur est conduit à y penser lui-même.


C'est donc surtout Corinne Masiero qui va porter le film d'un bout à l'autre, rendant son personnage étrangement fascinant et jamais détestable, malgré (ou en raison de) ses failles et ses échecs. C'est un peu subjugué qu'on la regarde évoluer dans tous les aspects de sa vie : mère déchue, épouse partie, amante fermée, professionnelle incomprise, amie déchirée, femme complexe et droite, et surtout victime sociale. Louise Wimmer devient un portrait de la solitude moderne. Toutefois, un portrait est par définition figé ; à ce titre, le film apparaît parfois un peu trop statique et, à l'image de son héroïne, va de l'avant parce qu'il le faut, sans autre but que l'attente de la résolution. En attendant, l'intrigue est faible ou inexistante ; si c'est donc justifié et excusé par la performance fascinante de Masiero, l'absence d'enjeu se fait parfois cruellement ressentir. Le film s'arrête sur une résolution logique mais simple, et signe alors un léger manque d'ambition. Cependant, heureusement, en ressortant de la salle, ne reste que le souvenir du visage de Louise Wimmer, hargneuse, blessée et courageuse.

1 commentaire:

  1. Vraiment saissisant comme film ... On regarde l'actrice évoluer avec tellement d'aise que l'on a envie de croire que c'est un documentaire, tellement c'est bien fait. La réalisation penche d'ailleurs pour le côté "strip-tease", les gens simples, la fête, la mort, tout ça . Mais on voit que le réalisateur n'a pas tenté un film sur la pauvreté pour se donner bonne conscience. Il y a une histoire, bien réalisée, bien jouée, surprenante. Seul bémol : le personnage du directeur d'hôtel, qui pour le coup ne fait pas dans la dentelle. Dommage.

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