samedi 7 janvier 2012

Ce que l'on écoutait en Décembre 2011, à usage de nos descendants

Même pas je laisse tomber la tradition ancestrale (trois mois quand même!) parce que je suis en charrette cardiologique. Même pas. Trop un beau gosse le mec, quoi.
Ajout 07/01/12 : Oui bon, ok, j'ai pas eu le temps de le finir ni de le poster à temps, mais voilà, bon, hein, CA VA.

Emilie Simon - "Franky Knight"

Emilie Simon revient très discrètement avec ce nouvel album qui sert de B.O.,  cette fois pour le film "La Délicatesse". Et c'est aussi et surtout un hommage à son amoureux disparu brutalement. C'est ainsi que les chansons de "Franky Knight" se découvrent comme on lit un journal intime. A ce titre, le premier single, magnifique "Mon Chevalier", ouvre le bal et annonce la couleur : "I wrote some songs / They're all for you / There's nothing else / That I can do". Et l'on peut suivre l'histoire d'amour, du début ("I call it love") à la tragédie en elle-même ("Holy Pool of Memories"), puis l'horreur, la tristesse (superbe "Bel-Amour"), l'incompréhension (le vitaminé "Franky's Princess"), jusqu'à l'acceptation avec le puissant et guérisseur "Walking with You". Si l'on a parfois l'impression de s'avancer dans une intimité qui ne nous regarde pas, tant les paroles sont parfois spécifiques à ce qui s'est produit ("I took the first plane that I could / I don't think I understood"), cette multiplicité des réactions évite l'écueil d'un thème trop homogène et sombre. "Franky Knight" ne se pose pas comme l'album pleurnichard de l'endeuillée dépressive ; au contraire, chaque chanson est une magnifique déclaration d'amour au-delà de la mort, de "Something More" à "Jetaimejetaimejetaime". Emilie Simon prend ici un nouveau chemin musical avec brio, tout en gardant les acquis des précédents albums : "Sous les étoiles" sonne comme une suite de "Vu d'ici". Loin des doux chuchotements des premiers albums et des hurlements exutoires du précédent, la voix se fait précise et mesurée. La musique surprend et ravit, avec un piano omniprésent, et l'arrivée des cuivres qui réussit à la chanteuse dont le côté jazz a toujours fait mouche. C'est une ambiance musicale différente pour un album différent, un enjeu différent. Totalement différent et toujours aussi réussi.





Charlotte Gainsbourg - "Stage Whisper, live & unreleased"

Charlotte Gainsbourg revient sur le devant de la scène avec ce double album qui prend le nom parfait à la fois de l'aparté et du murmure.
La première partie contient une bonne poignée de chansons inédites, réalisées avec différents collaborateurs. Le but était de pouvoir expérimenter plusieurs directions différentes, loin de la cohérence d'un album complet. Ainsi, les styles diffèrent d'un morceau à l'autre, l'intérêt aussi parfois, malgré une bonne qualité générale. Ainsi, Charlotte s'essaie (avec brio!) en reine dance avec "Terrible Angels" et "Paradisco", aidée par le fidèle Beck, mais touche aussi au folk avec le plus oubliable "Memoir", ou encore "All the Rain" et "White Telephone", morceaux agréables mais les moins prenants de l'album. Là où Charlotte Gainsbourg se révèle et déploie le plus ses ailes, c'est dans les titres légèrement rock et électro à la fois : l'excellent "Got to let go", "Anna" et "Out of Touch". Globalement, Charlotte Gainsbourg s'essaie à différents styles, s'amuse, se libère : c'est un véritable plaisir en attendant le prochain album.
Du côté du live, j'avais peur. Je n'aime pas spécialement les lives et le concert de Charlotte Gainsbourg à Lille, malgré un très bon moment grâce à la chanteuse adorable et généreuse, avait été marqué par un très mauvais son. Il n'en est rien pour cet album : le son est impeccable, et permet de transformer des chansons dont je m'étais lassé en tubes 2.0, avec notamment l'excellent "Voyage" (où elle dit "oh gri gri", soit dit en passant). Les titres s'enchaînent avec un enthousiasme joyeux et palpable, et on aime redécouvrir dans ces versions rythmées tous les tubes de la belle, du merveilleux "Heaven can Wait" à "The Songs that We Sing", en passant par "Jamais" et cette jolie reprise de Bob Dylan, "Just like a woman".
Au total, l'album concept de Charlotte Gainsbourg est une réussite, où se côtoient en toute hétérogénéité assumée des morceaux aux parcours différents, des collaborateurs, des envies, des idées, le tout dans un enthousiasme si prenant qu'on ne peut qu'adhérer à ces expérimentations amusées.






Lilly Wood & the Prick - "Invincible Friends"

"I said, Hey ! It's okay, it's okay, 'cause I found what I wanted..." Cet album délicieusement underground façon imitation enregistré dans un garage choque par sa spontanéité et son irrévérence. La voix de la chanteuse, entre plainte, caprice et sincérité, a un timbre particulier qui colore l'album d'une moue joueuse. La musique est construite intelligemment, entre les années 80, l'électro d'aujourd'hui, le rock intemporel, et offre des sons et des rythmes à la fois novateurs et indémodables. Le potentiel tubesque de certaines chansons ne dénoue pas avec la qualité, ce qui est assez rare : ainsi, les chansons les plus rythmées sont excellentes, comme la célèbre "This is a Love Song", ou encore "Hey it's okay" et "Down the Drain", merveilleuse ode à la fin du couple. A côté de ça, alternent des chansons plus douces telles "Little Johnny" et "Prayer in C" aux mélodies entêtantes et à l'émotion vraie. C'est donc un premier album très intéressant que le groupe offre, malgré encore une légère immaturité un peu assumée, un peu rebelle, dans la musique comme dans les paroles, du jeune duo qui s'amuse au-delà des attentes des auditeurs.





Yael Naim - "She Was A Boy"

J'en avais ma dose, de Yael Naim. Son premier album était chouette et, entre l'hébreu, le français et l'anglais, parvenait à rendre joyeuse la plus triste des chansons. Et en plus, en concert, elle était généreuse et talentueuse. Et cette bonne humeur incessante m'avait lassé, pour une raison que je ne m'explique pas vraiment, moi qui suis une personne positive comme un rayon de soleil, vous en conviendrez. Ainsi, je ne me suis pas vraiment posé sur le deuxième album de la belle avant aujourd'hui. Et quelle surprise ! L'intention est toujours la même, la musique s'est développée, déployée, elle a grandi comme la végétation luxuriante de la pochette de l'album. Yael Naim est plus sûre d'elle, chante et s'amuse avec les rythmes, les structures ("Go to the River"), les langues ("The Game is Over for mon coeur"), toujours dans un bonheur assumé, une philosophie de vie qui continue à éclairer les ballades les plus tristes ("If I lost the best thing"). Yael Naim s'est concentrée sur ce qu'elle fait de mieux, et le réussit avec plus de brio que jamais. Son nouvel album est à la fois frais et riche, doux et énergique, simple et réfléchi. Et toujours dans cette sincérité incroyable, cet élan de vérité et de simplicité.

1 commentaire:

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!