Camille @ Sébastopol, Lille, 16 novembre 2011
Un aperçu à voir impérativement !... |
Le ton est donné. Camille débute la première partie de son spectacle, celle où elle interprètera toutes les chansons de son dernier album, "Ilo Veyou". Elle est vêtue d'une large toge orange, ses musiciens-choristes sont munis de casques dotés de micros, et une grande ampoule pend au milieu de la scène. Ce sera presque le seul éclairage pour cette partie intimiste. Dans une mise en scène par Robyn Orlin, Camille va imprimer divers mouvements chorégraphiés à cette lumière, dessinant avec précision des jeux d'ombre impressionnants sur le fond de scène. Selon les chansons, l'ombre de Camille apparaît minuscule, monstrueuse, floue, majestueuse ou changeante. Les morceaux s'enchaînent, d'abord selon une alternance chanson gaie/chanson triste un peu scolaire, puis avec beaucoup plus de malice. Les orchestrations sont le plus souvent similaires à la note près à celles de l'album, mais le talent considérable de la chanteuse et la présence des musiciens permet aussi de donner une autre couleur à certaines chansons, dont "Allez allez allez", délicieuse en live, là où elle était fatigante en studio. Pour les autres, les émotions sont évidemment amplifiées par le live. Concentrée, précise, Camille use de sa voix et de son sens du rythme avec une aisance et une maîtrise extraordinaires. Elle ne se permet que la fantaisie de "La France", qui signe le retour de son personnage fétiche Yvette, qui enflamme la salle et qui invite des spectateurs sur scène. Puis, le spectacle reprend avec des chansons presque a-capella d'une émotion sans pareille, qui passent à toute vitesse jusqu'au fermer de rideau.
Le mot "Entracte" est projeté sur les rideaux du théâtre Sébastopol. Mais Camille et son groupe apparaissent rapidement en avant-scène, et la chanteuse dit "Tant pis pour ceux qui sont partis aux cabinets... parce que nous on va distribuer des bonbons !". Et faire faire des pompes aux musiciens lorsqu'ils ne réussissent pas les pas de danse classique imposés par la leadeuse juste pour rire, nous demander quelles chansons nous voulons pour la deuxième partie et nous faire chanter "Joyeux anniversaire" à une heureuse spectatrice.
Un autre monde : la sobriété magnifique de la première partie laisse la place à une fraîcheur spontanée qui va s'exprimer dans la deuxième partie. Celle-ci comporte les plus grands succès de Camille, cette fois ré-instrumentés avec soin et goût pour l'occasion, ainsi qu'un certain nombre d'inédites que le public reprendra en chœur, même les plus insolites. Enfin, Camille invite Jeanne Cherhal à descendre chanter un duo avec elle, et nous offre une dernière reprise, laissant les spectateurs rentrer enchantés après un véritable spectacle, où Camille a su une nouvelle fois se renouveler, dépasser les attentes de tout le monde, prouver l'étendue de son talent vocal et musical, réussir le pari de scinder son concert en deux parties opposées, et trouver la juste limite entre l'intime et le spectaculaire.
Catherine Ringer @ Aéronef, Lille, 22 novembre 2011
Le concert en intégralité sur Arte ! |
Le concert est assez similaire à celui qu'elle avait donné à la Boule Noire à Paris au printemps, avant la sortie de l'album, et c'est d'autant plus agréable de le redécouvrir maintenant que les chansons sont connues. Le plaisir de retrouver "Andy" et "C'est comme ça" est inchangé... et certaines nouvelles chansons apparaissent faites pour la scène, comme "Got It Sweet" ou "Si un Jour". L'hommage à Fred Chichin est rendu seule, sur le bouleversant "Mahler", mais Catherine ne se sentira pas obligée de chanter les éternels "Marcia Baila" ou "Les Histoires d'A." ... Si le spectacle accuse un petit coup de mou au milieu, il est porté par un début dynamique et surtout une fin explosive, et l'ensemble est cohérent, mélodique, maîtrisé et beau.
Zazie @ Colisée, Roubaix, 23 novembre 2011
mazazietestropbelle |
Pour cette tournée, Zazie a pris le parti d'une tournée très longue dans de petites salles, sans "ears" et avec proximité. Comme pour le Totem Tour, elle fait désormais la part belle aux anciennes chansons, avec notamment l'album "La Zizanie" (dix ans déjà...) très mis en avant sur cette tournée. Le Colisée est une chouette salle. L'entrée sur "Plus Fort", bien mieux maîtrisée que lors des premiers concerts à Lille, fait toujours son petit effet, surtout suivie par le fameux "FM Air" bourré de clins d’œil. Mais Zazie va vite se rendre compte que rien n'est gagné : entre les dix premiers rangs qui ne se lèveront jamais pendant les chansons, les employés de sécurité qui sont prêts à tacler quiconque commettrait l'affront d'aller danser dans les allées latérales et les membres du public qui hurlent après les gens debout, l'ambiance est extrêmement tendue à Roubaix...
La chanteuse fait pourtant tout ce qu'elle peut : elle ressort ses sempiternelles blagues, pimentées d'une ou deux nouvelles depuis la dernière fois, et sa setlist, efficace mais tristement inchangée depuis le mois de mai... Un manque d'audace peu méritoire. Cela dit, ceci n'est sans doute pas perceptible pour les membres moins obsessionnels du public que votre obligé. Et Zazie est en grande forme, danse, rigole, réagit aux commentaires du public... De plus, le son du Colisée est le plus impeccable que j'aie entendu. Chaque mot est distingué clairement (pourtant Dieu sait que Zazie ne possède pas la meilleure diction de la planète...), chaque instrument est entendu, les orchestrations sont ainsi écoutables dans les meilleurs conditions possibles, me faisant même parfois croire à des réinstrumentations, notamment sur "Le Jour J", nettement moins insupportable ainsi. Peut-être face au manque de réaction du public, Zazie sacrifiera "Je vous aime", où la participation du public est requise. Et c'est ainsi que le concert aura peine à décoller, aussi par faute à l'agencement des chansons (ne PAS mettre "Avant l'amour" juste après "Rodéo"...!), mais surtout à cause du plus mauvais public que j'aie vu pour un concert de Zazie... voire pour un concert tout court.
De mon côté, j'ai donc trouvé Zazie décontractée et à l'aise. Certaines chansons comme "Amazone" et "Poupées Zarbie" justifient à mes yeux le prix du billet, et des moments comme "Trois Petits Tours", "Oui" dans le public et "Tout le Monde" avec deux membres du public qui tiennent les perches à son sont symptomatiques de la générosité particulière de Zazie. Mais revoir Zazie une énième fois m'a donné l'impression de recroiser une vielle copine qui habite loin et avec qui on se sent obligé d'aller boire un verre quand elle remonte dans le Nord : elle n'a pas trop changé, et pourtant on a de moins en moins de choses en commun...
(Ces vidéos ne viennent donc pas de Roubaix. A Roubaix, les gens ne tapaient pas dans les mains, c'est que c'est fatigant. Merci à Mayuinne.)
(Oui bon hein, ça va, j'ai trois trains de retard, mais on va faire comme si de rien n'était, t'es gentil...)
RépondreSupprimerOooooh un CR destiné à des non-débazes! C'est rigolo comme exercice, pour changer, non? :)
Quant à ta conclusion: je ne peux qu’acquiescer... (sauf pour le Nord, quoi)