samedi 17 décembre 2011

"Americano", Mathieu Demy

Je suis allé voir "Americano" sans rien savoir de Mathieu Demy. Je n'ai fait que découvrir ce film, qui traite d'un homme dont la mère, américaine, décède. Il laisse sa vie française de côté quelque temps pour, initialement, s'occuper des problèmes relatifs à la succession et se retrouve à la chasse après la vie de sa mère.



L'histoire est assez simple et traite de thèmes universels. Sur ces terres connues, si elle ne parviendra jamais à vraiment émouvoir, elle ne tombera pas trop dans l'ennui ou le manque d'intérêt. Malgré le fait que le protagoniste ne soit absolument (et malheureusement) pas du tout attachant tant il est détestable, la quête de l'homme, en réalité à la recherche d'une preuve d'amour de sa mère, attache quant à elle suffisamment le spectateur. D'autant plus dans cette situation où, bien évidemment, Martin se retrouve peu à peu démuni de tout : voiture, argent, contacts, papiers d'identité... Comme une exaltation du destin à aller le confronter. Oui, bon. Disons que cela fonctionne tout de même.


Et cela tient surtout à une sorte de suspense : on finit par vouloir également savoir comment vivait, comment pensait la mère de Martin et on voudrait faire ses choix avec lui, voire à sa place. Le piège se resserre autour de lui, et parfois autour de nous également, alors que l'on contemple Salma Hayek, magnifique, puissante, vraie dans un rôle difficile. La seule actrice vraiment inoubliable du film, à la fois bien dirigée (contrairement à Chiara Mastroianni, qui a l'air de s'ennuyer) et toujours juste (contrairement à Mathieu Demy, qui campe son personnage principal et ne parvient pas toujours à convaincre, jouant de façon trop attendue). Mais, dans le même temps, le déroulement se fait sans surprise et avec un symbolisme trop appuyé : la situation asphyxiante du personnage devient irrespirable pour le spectateur également, d'autant plus que la réalisation laisse souvent à désirer... Des transitions qui s'obstinent à être ratées, aux maladroits plans caméra sur l'épaule, le film ressemble parfois à un échec d'imitation par dessus la jambe de la Nouvelle Vague.



Si le film semble hésiter autant que son fatigant protagoniste quant à la direction à prendre, aussi bien au niveau de la réalisation qu'au niveau de l'histoire, il est sauvé par sa fin. Sur le fil, à un cheveu d'enfoncer l'ensemble du long-métrage dans le mauvais, elle le rattrape en réalité, grâce à une volonté enfin claire, enfin honnête, enfin juste. Ainsi, comme pour Martin, l'expérience aura été parfois longue, parfois anxiogène, souvent sans surprise, parfois déroutante, mais, à l'image du touchant personnage plein d'espoir de Pedro (Pablo Garcia, très bon choix), finira par laisser un souvenir joli et assez fort.

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