vendredi 2 décembre 2011

"Love and Bruises", Lou Ye

Il est des films qu'on a envie de voir dès que l'on en aperçoit l'affiche pour la première fois. On ne sait pas bien pourquoi, c'est comme ça. Dès lors, il est à peine besoin de se renseigner au sujet de ce film : on va juste le voir, comme une évidence, une certitude. Parfois, on est satisfait, parfois, on est surpris, parfois, on est déçu. Je vous parle du nouveau film de Lou Ye : "Love and Bruises".


L'histoire est claire : Hua, une étudiante Chinoise érudite qui est venue à Paris pour suivre un amant qui ne veut désormais plus d'elle, rencontre par hasard Mathieu, un ouvrier. Tous deux tombent passionnément amoureux mais beaucoup de différences les séparent inexorablement. C'est le thème de la passion qui est traité ici : ses origines, ses fondements, ses conséquences, ses limites et ses dangers. Elle se décline en amour, en jalousie, en sexe, en possessivité, en douleur, en menaces, en coups, en pleurs, en trahison... et encore en sexe, Lou Ye pimentant un peu outrancièrement son film de "scènes de cul" pas toujours pertinentes qui en rajoutent aux longueurs du film. Les sentiments humains sont pourtant décrits et décriés avec justesse, dans un environnement perpétuellement malsain, et toujours une urgence comme si tout menaçait de s'effondrer d'un instant à l'autre. A ce titre, les plans sont hésitants, la caméra tremble, les regards se font et se défont. Les tons sont obscurs. La réalisation est travaillée dans la recherche d'une spontanéité, recherche par conséquent parfois sclérosante, mais globalement réussie.


Tahar Rahim brille assez dans un rôle pourtant caricatural, dont il parvient à arrondir les angles grossiers, face à Corinne Yam, un peu moins bonne dans la mesure où, quant à elle, elle ne décolle pas son personnage de son côté simpliste. Les deux protagonistes sont donc créés pour que leur union ne fonctionne pas, à l'image de leur rencontre où Mathieu blesse et assomme par inadvertance Hua, avant de la prendre violemment dans un terrain vague, quelques heures plus tard. En conséquence, leur lutte passionnelle apparaît vaine dès le départ : à la manière d'une tragédie, on sait que les dés sont lancés. Les péripéties semées entre temps peinent donc à intéresser. Elles ne font que trop souligner les différences déjà bien établies entre les deux amants, et qui les marginalisent encore plus dans des rôles stéréotypés. La jeune femme intellectuelle bon chic bon genre en mal existentiel et l'ouvrier issu des cités, simple et à moitié trempé dans des affaires peu nettes s'attachent l'un à l'autre sans trop savoir pourquoi, et sans que le spectateur ne le comprenne non plus. Une leçon dispensable sur la passion incontrôlable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!