mardi 27 décembre 2011

"L'Art d'Aimer", Emmanuel Mouret

"Au moment où l’on devient amoureux, à cet instant précis, il se produit en nous une musique particulière. Elle est pour chacun différente et peut survenir à des moments inattendus..." Le film pose le décor dès la première seconde : ce sera coloré, joyeux, niais... Une comédie française assumée jusqu'au bout.


La narration alterne de courtes séquences : certaines histoires se suffiront, d'autres seront feuilletonnantes au cours du film. Cela amène un certain rythme, surtout au début du film ; à la fin, en effet, la dernière histoire est plus longue et assez lente, terminant le film sur un certain ennui face à la trame répétitive. C'est avant tout le thème de l'amour et, au-delà, de la fidélité qui est traité ici, sous toutes ces coutures : malheureusement, la conclusion toujours identique finit par lasser. Le film devient une sorte d'éloge de la fidélité, un présentoir des manières d'exorciser ses pulsions d'infidélité tout en restant juste et droit envers l'être qu'on aime réellement. Si cette morale est méritoire, sa répétition ad nauseam finit par interroger sa raison d'être.

Ce qui marque avant tout dans "L'Art d'Aimer", c'est la théâtralité assumée du film. Les décors colorés sont évidemment factices, la mise en scène est volontairement précieuse, la voix-off dicte les émotions des personnages avec une précision exagérée. Et surtout, la direction du casting n'a qu'un seul mot d'ordre : maniérée. Ainsi, le cortège d'acteurs articule, exagère, surjoue presque en levant les sourcils et en arrondissant la bouche. Conséquemment, selon les comédiens, le résultat diffère : il y a ceux qui sont faits pour ça au point qu'ils ne sauraient faire autrement de toute façon, je pense à Frédérique Bel. Ceux qui s'adaptent bien, tels la protéiforme Ariane Ascaride ou le touchant et juste Laurent Stocker.



Et il y a aussi ceux qui se demandent un peu pourquoi ils sont là, comme François Cluzet et Gaspard Ulliel, hommes perdus dans des codes inconnus mais qui jouent le jeu. Ceux qui ne savent jouer que comme ça mais qui restent exaspérants tout de même, bonjour Emmanuel Mouret, Louis-Do de Lencquesaing et surtout Judith Godrèche, insupportable. Ceux qui se plantent un petit peu, désolé Élodie Navarre. Et ceux qui arrivent à respecter cette direction mais à la dépasser pour y ajouter leur touche personnelle, avec Julie Depardieu, vraie star du film comme un poisson dans l'eau. Ce casting choral rassemblé sous le même mot d'ordre montrera donc une hétérogénéité flagrante mais relativement peu gênante sous cette égide de niaiserie assumée.


Emmanuel Mouret présente donc un film français théâtral, maniéré, assumé, niais, agaçant, répétitif, rythmé, drôle, ennuyeux, divertissant. Sur un thème déjà vu, rabâché, et ici décliné à l'infini sur une unique facette. Mais une comédie fraîche, en fait. Et si ce n'est pas un excellent film, ce n'est déjà pas si mal, aujourd'hui, de parvenir, quand on se présente avec une telle théâtralité, à rester frais.

1 commentaire:

  1. Pierre Bourdieu24 avril 2012 à 22:20

    Un film bourgeois, dans le mauvais sens du terme : ça se regarde beaucoup trop, références culturelles à outrance, on a de jolis pulls et surtout on ne touche pas, on laisse ça aux pauvres ou aux travelos.

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