lundi 24 décembre 2012

"Violeta Se Fue A Los Cielos" ("Violeta"), Andrés Wood

On en a peu entendu parler. Du film, d'abord : sans les conseils avisés de ma chère amie chilienne, je n'aurais sans doute même pas relevé cette affiche grisâtre, ce titre pudique, cette œuvre discrète. Et de l'artiste dont ce biopic dresse le portrait : icône de la musique au Chili, Violeta Parra, dans les années 50-60, a fait tourner ses chansons folk à travers le monde. 



Il y a eu Sylvia Plath, Virginia Woolf, Sarah Kane. Et puis Violeta Parra. C'est de la souffrance que jaillissent l'art le plus pur et la beauté la plus violente : c'est la mélancolique vérité à laquelle le film s'attache, en expliquant les compositions de l'artiste par les événements de sa vie. Violeta y apparaît comme une femme singulière, forte, irrévérencieuse, résolue, profondément peinée et tout aussi talentueuse. La simplicité de sa vie et la multiplicité de ses actions artistiques tranchent avec le succès planétaire dont elle jouit, et qui ne sera jamais l'axe principal du film. On lui préfère le portrait d'une femme, d'un être humain qui, malgré ses aventures, ses réussites et ses frasques, ne sera que ça, jusqu'au bout, jusqu'à la fin inévitable qui se prolongera en un dernier plan d'une longueur qui prend la forme d'une torture. Au terme du film, grâce à une très bonne interprétation de la part de Francisca Gavilán, l'identification est parfaite, l'adéquation est impeccable : on ressent soi-même ce malheur oppressant dont Violeta Parra a tiré son art mais dont elle n'a jamais réussi à s'extirper.



Pourtant, la trame narrative du film est loin d'être évidente : des extraits d'interview parsèment une biographie qui met un point d'honneur à ne pas vraiment respecter la chronologie, si ce n'est pour quelques événements clé. S'en suivent souvent une confusion, parfois des longueurs, mais Wood préfère, là encore, suivre la trace de l'humain derrière la légende. A cette fin, il choisit une mise en scène à la fois sobre et bigarrée, un grain poussiéreux, des couleurs légèrement ternies. Et bien sûr, la musique. Les chansons douces et prenantes de Violeta Parra habitent le film, soulignent son propos, reprennent vie et séduisent par la clarté et la violence de leur poésie. "Violeta Se Fue A Los Cielos" est leur écrin, il les soutient, les justifie et les brandit, et c'est là, sobre, calme et à juste hauteur, qu'il semble tirer là le plus bel hommage à Violeta Parra.



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