mardi 18 décembre 2012

"Rengaine", Rachid Djaïdani

Dans un film concis, Djaïdani s'attaque à un tabou de l'intolérance : Dorcy, Noir et chrétien, veut épouser Sabrina, musulmane et Arabe. Mais immédiatement, leurs familles s'y opposent formellement et violemment.


C'est tout d'abord le réalisme affiché qui marquera. Les dialogues sont incisifs et percutants, aussi hésitants et directs que dans la réalité. Les séquences s'enchaînent sans trop de trame narrative, ce qui nuira au film, mais accentuera l'aspect documentaire apparemment recherché. Les personnages, quant à eux, sont relativement peu dessinés, leurs répliques sonnent comme des témoignages, et l'interprétation fiévreuse de Slimane Dazi et de Sabrina Hamida, dans des personnages qui portent leurs prénoms, emmènera le film encore un peu plus loin. Mais ce réalisme fait peur, aussi : dans cette optique assumée, la violence banalisée du monde dépeint est atterrante, et risque en fait de s'opposer à la recherche de tolérance que le film prône, tant l'environnement en est imbibé d'une rage effrayante. Par ailleurs, malgré la courte durée du film (1h15), l'image constamment chancelante d'une caméra à l'épaule, si elle aussi renforce le réalisme, épuise surtout par un mal de mer épileptique.
 


D'autant plus qu'en ce bref laps de temps, le film réussit à trop bien porter son nom. Cette rengaine de l'interdiction du mariage biethnique est répétée à chaque scène, par chaque personnage, inlassablement. Dès lors la dénonciation se fait peu claire. Pour briser cette rythmique en boucle, quelques procédés ingénieux seront utilisés, avec notamment une séquence intrigante puis surprenante, ou l'habile inclusion de plans décousus, réutilisés, référés ; mais d'autres surprendront de lourdeur au milieu de cette telle recherche de sincérité. Le film déborde d'une énergie bouillonnante, mais les contradictions des personnages sont un peu explorées mais exploitées bien trop tard, lorsqu'elles sont déjà bien trop évidentes aux yeux du spectateur. Aussi, si le sujet du film est méritoire, le public est convaincu par son propos au bout de quinze minutes, et ensuite, il n'y a plus grand-chose à apporter.

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