dimanche 23 décembre 2012

"Thérèse Desqueyroux", Claude Miller

C'est le dernier film de Claude Miller, décédé après le montage. C'est une adaptation d'un roman de François Mauriac, qui avait déjà donné lieu à un film en 1962, par Georges Franju. C'était Emmanuelle Riva qui jouait Thérèse. Aujourd'hui, c'est Audrey Tautou, un choix inquiétant car les performances de l'actrice ont parfois manqué de convaincre après "Amélie Poulain", mais qui est en fait salvateur.



Miller dresse ici, avant tout, un portrait avec une intensité et une rage rares. Le portrait d'une femme dont la malédiction est de ne pas être à sa place là où elle se trouve. D'être condamnée à vivre sa vie avec des gens qui toujours auront moins de vision, moins d'ambition, moins de hargne qu'elle. Thérèse Desqueyroux est avant tout une femme enfermée et emprisonnée, et cette situation intenable, parfaitement retranscrite au spectateur, justifiera son acte de rébellion libératrice, là où il paraîtra complètement opaque aux yeux de sa famille. L'interprétation d'Audrey Tautou se fait sombre, déterminée, franche et affranchie : l'actrice trouve ici un rôle qu'elle parvient à maîtriser tout en le laissant l'habiter. Ainsi cette femme hors du commun qu'on lui impose touchera sensiblement. 



Cette vie qu'elle n'a pas choisie, c'est celle de la bourgeoisie des Landes. Miller pose sur ses décors un œil aussi calculé que résolu, et offre des plans d'une beauté claire et évidente, que ce soit dans le huis-clos calfeutré de la maison familiale ou la prison de pins. Pour son dernier film, il offre encore une façon de faire du cinéma de manière directe, d'une façon qui paraît aussi simple que novatrice. La beauté des images s'allie à merveille avec la dureté du fond, l'histoire est suivie avec curiosité. Il y a dans cette œuvre une façon de narrer le récit qui attache, que ce soit à travers les cruelles rêveries de Thérèse, les intrigues secondaires (notamment portées par la douce Anaïs Demoustier), ou les affreuses répercussions du crime de la protagoniste. Par cette histoire simple, cette ambiance particulière qui sent le pin brûlé, cette mise en scène nette, on se retrouve, à la fin, emporté bien plus loin que ce qu'on aurait cru.



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