samedi 22 décembre 2012

"Main Dans La Main", Valérie Donzelli

Bon, alors, c'était pas gagné. On se souvient tous de La Bien-nommée Grande Guerre Malheureusement Déclarée à propos du film du presque même nom, "La guerre est déclarée", précédent film de Donzelli, adulé par les masses, haï par ma personne. Pour cette opinion je fus bafoué, torturé, taxé des pires insultes, on nia ma possibilité d'aimer, ma capacité d'empathie, on me reprocha d'être un vendu, d'avoir laissé ma malencontreuse profession déteindre sur mes émotions. Autant dire qu'au moment d'aller voir le nouveau film de Valérie Donzelli, je faisais moyen le fier. Pour ceux qui voulaient me manger tout cru : J'AI ADORE, C’ÉTAIT PARFAIT.



Pour les autres, la vérité est - étonnamment - plus nuancée. Dans "Main Dans La Main", tout part d'une jolie idée. Hélène Marchal, professeur de danse classique au Palais Garnier, croise un jour Joachim Fox, employé d'une miroiterie de province. Immédiatement, ils sont inséparables, au sens premier du terme : ils font les mêmes gestes et sont incapables d'être distants de plus de quelques mètres l'un de l'autre. Malgré leurs profils différents, ils vont dès lors devoir coexister de très, très près.



La première idée qui vient à l'esprit face au synopsis, c'est que le potentiel de jeu est gigantesque. Valérie Lemercier, seule vraie très bonne actrice du film, en était capable. C'est donc sans doute Jérémie Elkaïm qui bloque, bien que son interprétation soit convenable (et mille fois meilleure que dans "La guerre est déclarée"). Cette absence d'exploration de la synchronisation totale est impardonnable, tant elle aurait pu, elle aurait dû donner lieu à un joyau d'interprétation. C'était une occasion en or, et à la place, et alors même que tout se passe dans l'univers de la danse, elle ne sera jamais vraiment exploitée : les mouvements de Lemercier et Elkaïm ne seront jamais parfaitement synchrones, toujours un peu trop brouillon.



Dans le genre brouillon, on va bien sûr aussi parler des dialogues. Toujours affublés du maniérisme imprononçable que Donzelli semble vouloir, pour une raison obscure, imposer comme son style, ils sont fort souvent superflus et mettent les comédiens dans une mouise inextirpable. Pire, ils grèvent l'histoire qui est pourtant assez touchante et qui fait le charme du film. On regrettera également toujours cet exhibitionnisme de Donzelli, qui se caste dans le rôle cette fois de la sœur du personnage d'Elkaïm (son ex-compagnon), mais son besoin de traiter ses névroses par le cinéma rendra cette relation incestueuse et un peu dégueulasse. Qui plus est, il faut se rendre à l'évidence, Donzelli est très mauvaise actrice.



Ceci dit, l'amélioration est indéniable. La réalisation se fait plus aboutie, plus axée. On est loin de l'expérimentation tout feu tout flamme de "La guerre est déclarée", qui rappelait le premier montage vidéo d'un amateur découvrant Windows Movie Maker et testant tous les effets. Dans "Main dans la main", hormis quelques erreurs (par exemple, le très mauvais filmage du magnifique opéra), Donzelli se recentre et use avec soin et goût de ses différents procédés, avec notamment une excellente utilisation de la musique. Elle va même jusqu'à offrir quelques séquences magnifiques, quelque peu touchées par la grâce, qui relèvent le film, et l'empêchent de se faire qualifier d'échec. De même, l'histoire, bien qu'assez attendue, est jolie, poétique, décalée, un peu mélancolique, elle est davantage construite, presque délicate.



Allez, il y a donc de l'espoir pour Valérie Donzelli. Il suffit que d'une, elle trouve un autre moyen que le cinéma pour régler ses soucis personnels, de deux, elle arrête de jouer dans ses films, de trois, elle cesse d'écrire ses dialogues. Faisable, non ? Voilà, Valoche, fais tout ça, regarde des films de Noémie Lvovsky, on se tient au courant, et dans deux-trois films, on sera peut-être copains.

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