jeudi 20 décembre 2012

"Hors Les Murs", David Lambert

"Hors les Murs" dont le titre prendra tout son sens au milieu du film, est le dernier film de pédés en date. Et vous savez que je raffole (choix de mot) des films de pédé. Je vais les voir avec mes potes pédés et on est loin d'être les seuls dans la salle - c'est même un peu la Gay Pride dans la salle 2 du Métropole.


Alors, oui, je regarde des films de pédé. C'est vrai que c'est rassurant, surtout en ces temps-ci pleins de haine et de lynchage public impuni, de se dire, qu'en fait, nous aussi, on mérite des films où les gens sont amoureux et passionnés et tristes. On mérite des films où on peut un peu plus s'identifier, des films pour montrer que nos histoires d'amour sont aussi belles, inintéressantes et déchirantes que celles des hétéros. "Hors les Murs" fait tout ça. Et il en rajoute une couche. Ah, ça, on ne pourra pas lui retirer, que c'est un film de pédé ! C'est un piège dans lequel tombent beaucoup de films sur une histoire homo : une sorte d'auto-marginalisation. Quitte à parler de pédés, autant de bien s'ancrer dedans. Sans mauvais jeu de mots, promis. En résulte une débâcle qui sent la sueur, le sperme, les capotes et le lubrifiant, avec même des pipes et du SM. Tout un programme. D'un coup, on se sentirait presque un peu surexposé, non ?


Heureusement, il y a l'histoire d'amour derrière (comme quoi même des pédés pourraient s'aimer, rendez-vous compte !). Et c'est tout aussi passionné et tragique que prévu. D'un côté, Ilir, pédé butch (oui j'aime bien dire butch pour les pédés, inventons notre propre communauté, tout ça... (BLAGUE)) aussi perdu que sûr de lui ; de l'autre, Paulo, crevette bi paumée qui tombe fou amoureux de ce barman ténébreux, et se retrouve vite à tout plaquer (sa copine y compris) pour se retrouver sur le palier d'Ilir. Alors, une histoire d'amour, comme promis, qui se développe dans la tendresse, la violence, l'indécision et l'évidence. Et malgré les lourdeurs et les maladresses de l'histoire et des dialogues, on ne peut s'empêcher de s'attacher à ces deux abrutis qui découvrent comment on fait pour être amoureux. Et puis entre-deux, tout à coup, un événement inattendu, terrible, incontournable vient mettre leur amour entre parenthèses ; une idée intéressante aux répercussions grinçantes. 


Pendant ce temps, la réalisation est plutôt jolie, le jeu est lumineux : Guillaume Gouix, électrisant (déjà tu me faisais tout bizarre dans le bas-ventre, mais alors quand tu fais des bisous à des garçons, je ne tiens plus) et Matila Malliarakis, maniéré mais habité ; mais les dialogues dépendent des moments et l'histoire suit rapidement un sillon tout tracé et empli de raccourcis, de stéréotypes et de facilités, jusqu'à une fin en apothéose de cliché, d'attendu et d'absence de subtilité. Le film est donc inégal au possible, oscillant entre la grosse erreur téléfilmesque gay et la sobre délicatesse du cinéma français. Mais, je ne sais pas, c'est sûrement cette honnêteté dans la volonté de parler de l'amour entre hommes qui quand même émeut.

Parce que faire une duckface en faisant dodo,
ce n'est pas à la portée de n'importe qui.

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