samedi 29 octobre 2011

"We Need To Talk About Kevin", Lynne Ramsay

Votez pour votre critique préférée !!
Grand jeu concours vous permettant de gagner euh... la satisfaction de m'avoir fait sourire.

A.
Cher Rémi Bezançon, merci de regarder ce film avec attention au plus vite. Merci, bisous.

B.
"We Need To Talk About Kevin" est l'adaptation par Lynne Ramsay du roman éponyme de Lionel Shriver. Le film est porté à bout de bras par Tilda Swinton dont le jeu est une fois de plus non seulement sans failles mais aussi magistral. Elle aide à dessiner un personnage complexe et fascinant, quelque part entre la culpabilité, le pardon, l'innocence, le ressentiment et la rédemption : la mère d'un adolescent quelque peu psychopathe qui a exterminé ses camarades de lycée.


Sa psychologie est riche, dense, et magnifiquement traitée dans ses ramifications les plus complexes. Je n'ai pas lu le livre mais en ayant discuté avec la Commentatrice-Anonyme, je pense pouvoir certifier qu'une des réussites de l'adaptation est d'avoir su retranscrire par l'unique réalisation les débats internes rédigés sous forme épistolaire dans le roman. Notamment, il apparaît clair dans le film que tout est vécu selon la subjectivité d'Eva : par le récit et la mise en scène, le spectateur est transporté au plus profond de sa psyché, vivant avec elle et comprenant donc ses doutes, ses regrets, ses peurs et sa douleur. C'est à travers ses yeux, parfois effectivement biaisés, que les événements se déroulent et surtout que le portrait de son fils est dressé. C'est pourquoi celui-ci est parfois un peu trop diabolisé et manque quelque peu de l'approfondissement dont bénéficie le personnage d'Eva.


Très vite, c'est en fait leur relation qui est racontée et qui se dresse comme un troisième personnage invisible : l'impact lucide de sa naissance sur la vie d'Eva, ses difficultés réalistes à l'éduquer, jusqu'à l'établissement d'une relation conflictuelle en perpétuelle défiance mutuelle... Les situations prennent un tournant tellement terrible qu'un ressort comique y naît parfois, un rire nerveux nous échappant pour briser la tension, en vain. Et alors même que la relation semblait avoir atteint le maximum de sa complexité fascinante, un nouveau degré y est rajouté par les révélations de la fin et la scène de fermeture. Grandiose.


Angoissés et angoissants, les plans se succèdent, passent par des filtres, des flous, la violence est suggérée par des couleurs tantôt ternes, tantôt éclatantes. Des détails éloignés se renvoient sans cesse l'un à l'autre, tissant une relation complexe entre la mère et l'enfant, comme cette scène où, à la prison, le fils mutique ne fait qu'extirper de sa bouche ses dix rognures d'ongle qu'il dépose soigneusement devant lui... Elle sera rappelée subtilement bien plus tard par une scène tout aussi perturbante où Eva mange une omelette réalisée, pour se punir, avec les œufs que la mère d'un enfant tué lui a cassés au supermarché : elle retire de sa bouche les fragments de coquille et les dispose le long de son assiette.


De la même façon, une multitude de symboles narratifs se dissimule dans le long-métrage, comme cette trace rouge sang dont est maculée la façade de la maison au tout début du film par vengeance et qu'Eva mettra tout le film, et donc tout son récit de souvenirs de rédemption, à nettoyer. La narration elle-même est complexe mais efficace : les temporalités se mélangent, le récit fonctionne comme la mémoire, les souvenirs arrivant inopinément mais avec un lien assez clair, dressant des parallèles intéressants ; elle est aussi habile, car elle réserve des surprises aussi inattendues que terribles pour la fin et achève ainsi de ficeler un scénario virtuose.  A travers cela, de nombreuses questions s'élèvent sur la part de l'inné et de l'éducation, la maternité, l'importance des rêves, la culpabilité, la violence...


Le film est dur, perturbant, psychologiquement violent. Il est aussi riche, beau, profondément humain. Philosophique à sa manière. Un scénario grandement adapté, une actrice incroyable, une réalisation inventive font de "We need to talk about Kevin" un des meilleurs films de l'année.

C.
" 'We need to talk about Kevin' ? This is what I'm talking about, biatch !"

D. L'avis de Marie-Jacqueline (62).
"La mère, il faut qu'elle passe à la maison, un de ces jours, elle est tellement maigrichonne, on dirait qu'elle est malade. Je la remplumerais vite fait bien fait, moi."

6 commentaires:

  1. Il me tente beaucoup ce film. Comme je te disais sur facebook, je lis le livre en ce moment et il est captivant ! Le film a l'air tourné différemment du livre, mais ça m'a l'air logique par rapport à l'histoire très complexe liée à l'éducation et au choix quant à la maternité comme tu dis. Je ne regrette pas du tout cet achat :)
    Bisous,

    Manon

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  2. Moi je vote B, parce que j'ai peur du changement.

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  3. D ! parce que l'image de la femme doit absolument évoluer dans notre société.

    PS : le participatif c'est cool en plus.

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  4. Je vote B aussi, mais rien à voir avec Jean S., c'est parce que c'est plus construit quoi, tu vois !
    Ceci dit, Martine a raison, l'idée de convoquer des avis différents peut toujours contribuer à enrichir le débat.

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  5. Je reste complètement perplexe ayant moi même un fils qui me défis constamment, ce film m'a beaucoup touchée et on se demande qu'elle est la bonne attitude à avoir face a un enfant au comportement si dur...

    J'ai ressenti une gène et en même temps beaucoup d'empathie face à cette femme désarmée qui malgré tout reste auprès de son fils après temps de drame!

    C'est un film dur et très bien réalisé dans sa totalité; même le rythme du film retranscrit justement le vide et l'errance de cette femme depuis sa grossesse qui met tout de côté pour un être qu'elle ne connait pas encore, l'héroïne ne sait pas combien de temps cette confrontation face à ce petit bonhomme va durer.
    Elle qui a cette éternelle sentiment que sa vie n'est qu'une chute dans un trou béant interminable après cette acte irréparable.

    Alors que d'autres pourraient le qualifier de lent, ce film parle de sentiments que certaines personnes isolées peuvent avoir en marchant droit le regard vide face à des événements qui peuvent les rendre impuissants... mon vote est B sans aucun doute! JM

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  6. Bon au final j'ai vu le film la semaine dernière...
    Je suis d'accord avec tout ce que tu écris, ça c'est dit :)
    Mais je trouve le film un peu (beaucoup) trop résumé par rapport au livre qui insiste sur le fait qu'elle adorait sa vie avant d'être mère, et surtout, toutes les crasses que son fils a pu lui faire (dans le film on n'en voit pas assez, et ça aide pas à cerner le personnage), ça insiste sur la patience de la mère !
    Pareil, on ne ressent pas assez l'amour si incroyable qu'il y a dans le couple Franklin-Eva et qui est si bien décrit dans le livre.

    Sinon, il faut que tu lises le livre, qui est merveilleusement bien écrit et qui fait réfléchir ! La fin est très belle (un peu comme dans le film sur ce point, donc je suis contente au final ^^).

    Un des seuls hics, c'est que le livre s'appelle "Il faut qu'on PARLE de Kévin" (ce qui est le cas dans le livre car il s'agit des lettres que la mère envoie au père, et tu ne comprends qu'à la fin pourquoi il ne lui répond pas...), et dans le film on se sent impliqué différemment car c'est un peu à nous qu'elle parle de Kévin (pas au père du tout)...

    Bon, ceci dit, ça ne m'a pas empêché d'adorer le film :)
    Bisous !!!

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