Cela fait longtemps que je n'ai pas posté, pourtant je suis allé cinq fois au cinéma la semaine dernière - ceci expliquant peut-être cela, paradoxalement. Mais donc, allons-y, Alonso !
"La Brindille" est le premier film d'Emmanuelle Millet. Il présente l'histoire de Sarah, très jeune femme qui apprend soudain qu'elle a subi un déni de grossesse et qu'elle est enceinte de six mois. Elle qui commence tout juste à construire sa vie indépendante décide d'accoucher sous X et emménage en attendant dans une structure accueillant les femmes enceintes en difficulté. Ce sont donc deux thèmes assez riches, rares et presque tabous qui sont traités ici. La focalisation sur le parcours du personnage principal éclipse cela dit un peu la découverte du déni de grossesse et ses conséquences psychologiques : son traitement disparaît presque aussi rapidement qu'il est apparu, renforçant certes le côté imprévisible et insaisissable d'une telle pathologie, et dressant le portrait parfois réaliste d'une communauté médicale un peu sourde, mais ne laissant la place qu'à peu de ramifications à ce sujet.
Cependant, cela dégage plus d'espace pour le traitement de cette grossesse invisible, dont Sarah va devoir s'accommoder alors même qu'elle n'en perçoit pas les changements inhérents. Son évolution est touchante, entre la réalité physique qu'elle doit accepter, et la tentation de continuer sa vie comme si de rien n'était, comme un mauvais moment à passer sans trop de conséquence. Tout cela menant évidemment à l'accouchement en lui-même, dont le traitement apparaît bien plus exhaustif, dans une succession de scènes dépourvues de jugement et emplies d'émotion déchirante mais cruellement sincère.
Le film en lui-même apparaît, si l'on peut dire, fortement français, dans la réalisation lente, la photographie aux couleurs doucement chaudes, la mise en scène simple, c'est presque un cas d'école, qui rappelle les frères Dardenne par exemple, laissant un souvenir frais même si on apprécierait parfois que la cinéaste sorte des sentiers battus. La narration est sobre, le scénario est assez simple, peut-être parfois un peu trop, rappelant presque le téléfilm parfois. Heureusement, en réalité, le long-métrage est porté par le jeu de Christa Theret, dont la candeur spontanée laisse entrevoir seulement quelques très rares failles attachantes, mais bouleverse par sa force générale. L'actrice brillamment dirigée dessine un personnage complexe, à la fois fort et fragile. En ce qui concerne les autres (rares) personnages, on retiendra notamment Laure Duthilleul qui livre là une performance sans faute, et le jeune et touchant Johan Libéreau.
Ainsi, avec un thème accrocheur et original, une réalisation encore un peu facile, et une histoire touchante faisant la part belle à la simplicité, il s'agit là d'un premier film agréable, parfois maladroit mais, pour finir, assez prometteur.
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