jeudi 20 octobre 2011

"Un Heureux Evénement", Rémi Bezançon

J'avais beaucoup aimé "Le Premier Jour du Reste de ta Vie", un peu comme on aime le dernier single de Katy Perry ou une pizza de chez Domino's (non pas que ce soit mon cas pour l'un ni pour l'autre, j'ai des standards de PIFBP, moi, bordel.) : on sait que ce n'est pas super génial mais ça nous fait du bien quand même. Au moins, le précédent film de Bezançon arborait une sincérité et une fraîcheur que le côté un peu bon chic bon genre ne parvenait pas à contrer totalement, et le sacro-saint processus d'identification (de manière relativement semblable au "Skylab" de Julie Delpy dont j'ai parlé la dernière fois, chers lecteurs assidus) fonctionnait comme un charme. Pour "Un Heureux Evénement", j'étais plus sceptique.

Fais gaffe Louise, tu pointes à mort.

Le premier point de mon scepticisme s'appelait Louise Bourgoin. La dondon de Canal Plus me saoûlait : je la trouvais fausse, agaçante et surestimée. Mais je suis quand même allé voir ce film, où elle s'est avérée omniprésente (je pense qu'il ne comporte pas de scènes où elle est absente...). Et elle s'est en fait rachetée par son interprétation : voilà comment moi qui me suis réconcilié avec Chiara Mastrioanni, je me suis réconcilié avec Louise Bourgoin, tant sa performance était juste, souvent modérée et sincère. Il est clair qu'elle a effectué un réel travail, et que celui-ci a porté ses fruits. (Ne vous en faites pas, je ne vais pas me réconcilier avec tout le monde, et puis je trouverai bien d'autres actrices à détester, sinon ce ne serait plus drôle ; d'ailleurs tant que Mathilde Seigner existe, il y a de l'espoir, et puis, Ludivine Sagnier est en bonne voie de reprendre le flambeau. Ne partez pas donc.)


D'ailleurs, pendant qu'on en parle, Josiane Balasko, au contraire, m'a grandement déçu dans ce film : toutes ses répliques sonnaient faux, à cause de sa diction et de son interprétation générale, ne donnant aucune crédibilité au rôle quelque peu caricatural de la mère de l'héroïne. Pio Marmaï, de son côté, allie belle gueule (etbeaucul) et jeu correct. Et la chanteuse Anaïs qui tient un second rôle démontre pourquoi chacun devrait plutôt rester chez soi pour que les moutons soient bien gardés.


Le second point de mon scepticisme concernait le thème. Cela fleurait bon le "faisons pleurer dans les chaumières", tout de même. D'accord, je suis pas une maman, je peux pas comprendre, et blablabla. Cette seconde crainte s'est révélée bien plus fondée. Le film suit un schéma on ne peut plus linéaire : de l'envie de grossesse jusqu'à l'accouchement puis les neuf mois suivants... Le tout réparti équitablement en terme de temps d'écran, ce qui n'est pas forcément judicieux et amène quelques traites d'ennui. J'avoue cependant trouver méritoire cette volonté de dépeindre un côté plus réaliste de la maternité, moins lisse-rose-glamour-la-plus-belle-chose-au-monde. Et même si elles se prennent régulièrement les pieds dans le tapis, les scènes s'enchaînent cependant assez facilement dans un humour bon-enfant et une émotion parfois présente, notamment dans la scène volontairement déchirante de l'accouchement.


En ce qui concerne la représentation de la vie quotidienne, Bezançon en fait des tonnes. Cela fonctionne souvent, parce qu'en effet, ses spectateurs sont tous des gens comme tout le monde. Même moi cher lecteur, même si j'admets que si je n'étais pas à peu près certain que personne ne lira ces lignes, je me garderais bien de le confesser. On rentre dans le jeu un peu malgré soi, parce que Bezançon applique à la lettre une recette sans saveur mais familière. Et ça pleure dans les chaumières, donc. Alors oui, ça fonctionne. Mais c'est facile. C'est même pétri de bons sentiments à en donner la nausée, jusqu'à vomir totalement à la phrase finale. On  en ressort donc avec une impression un peu pâteuse et le teint sûrement légèrement cireux.

Ceci n'est pas un montage.
Le vrai problème, c'est que Bezançon ne fait pas de cinéma. Il n'apporte aucune innovation dans la mise en scène ou la réalisation. Les couleurs sont jolies, ok ; et ça s'arrête là. La comparaison avec d'autres films français actuellement à l'affiche est troublante. Aucune recherche d'esthétisme, aucune créativité ni inventivité, mais des plans aussi ennuyeux que ceux d'une série télé lambda. La définition même de l'absence de style ; le Werber du grand écran. Et c'est alors que les maladresses scénaristiques n'en ressortent que plus vivement. Ainsi, "Un heureux événement" arrive à un résultat à la hauteur de ses faibles ambitions : "parler au plus grand nombre". Et pour ça, parlons de choses simples et plus ou moins touchantes mais, grands dieux, évitons à tout prix de faire de l'art, ça pourrait empêcher le quidam de pleurnicher devant un long-métrage sans surprise mais ô combien porteur "d'événements de vie auxquels on peut si aisément s'identifier". Chacun son trip.

3 commentaires:

  1. Comme par hasard tu nous sors ça le jour du petit dernier... hahaha

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  2. Diantre, je n'y avais même pas songé. Mon subconscient est génial.

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  3. Bon, j'ai décidé de commenter ici pour une fois et ne pas t'écrire un sms pour te dire ce que j'en pense (bonne résolution, n'est-ce pas?).

    Alors je suis plutôt d'accord avec toi (même si pour moi "Skylab" arrive devant "Le premier jour du reste de ta vie").

    Mais je tiens à te prévenir : en écrivant que "le vrai problème, c'est que Bezançon ne fait pas de cinéma. Il n'apporte aucune innovation dans la mise en scène ou la réalisation", attends-toi à aimer de moins en moins de films au cinéma. Et de moins en moins en de livres. Bienvenue ! (pour les livres car pour le ciné, je refuse d'en être là)

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