Mélanie Laurent + Une affiche de vieille comédie romantique à l'américaine telle qu'on devrait les censurer + Mélanie Laurent la nouvelle petite Française exportée outre-Atlantique comme du vin bon marché + Mélanie Laurent = Pas un film que j'avais envie de voir a priori.
"Beginners" semble être une petite comédie romantique à l'eau-de-rose. A la lecture du synopsis, on pouvait prévoir moult situations pseudo-cocasses sans aucune surprise ni retournement scénaristique, entre un Ewan McGregor retombé un peu bas en vieux-beau-éternel-célibataire-cliché, son père à l'écran qui multiplierait les clichés sur les homos et Mélanie Laurent en éternelle dinde qui lui lancerait quelques pics se voulant bien sentis le long du film en attendant de mouiller sa culotte quand il lui fera un inévitable bisou à la fin, scellant la redécouverte de l'amour tant espéré. De quoi faire pleurer les minettes et ronfler les PIFBP. Eh bien, fort heureusement, "Beginners" n'est pas ce qu'il semble être. Dans ce monde d'images, c'est vrai qu'on ferait peut-être bien d'arrêter de juger par l'affiche.
Mike Mills propose ici un film intéressant, assez intelligent et surprenant. Le premier trait qui marque, c'est son scénario. S'il part sur le même principe que beaucoup des films que j'ai vus récemment ("Annie Hall", "Blue Valentine", "The Tree Of Life"...), il parvient à utiliser ce concept à son avantage, aboutissant à un résultat étonnamment bien construit. L'histoire mêle effectivement plusieurs temporalités (deux principales), avec l'audace de se passer de transition nette et la grâce de garder le tout compréhensible à chaque instant malgré cela. Au-delà de ça, elle se paie même le luxe de faire se correspondre des détails dans les époques à travers tout le film, laissant le spectateur comprendre soudain des éléments dont on ne pensait pas, à première vue, qu'il y avait matière à creuser davantage ; exercice de style aussi agréable que réussi. Poussant l'idée jusqu'à ses confins, le film s'interroge, à travers son personnage principal, sur le temps, les époques, la différence entre les vies de maintenant et d'alors, résonnant de façon très juste avec les questions que l'on s'est déjà tous posées, et traitant le sujet avec élégance, bien que parfois un peu en excès. Scénario : première surprise.
Deuxième surprise, l'interprétation. S'il n'était guère surprenant qu'Ewan McGregor s'en tirerait avec talent, j'avais mille fois plus de réserves au sujet de Mélanie Laurent, dont j'ai été un admirateur des premières heures avec le culte "Je vais bien, ne t'en fais pas", mais qui m'a perdu à peu près en même temps que sa couleur capillaire naturelle. J'ai alors grossi malgré moi les rangs du groupe super hype des Mélanie-haters. C'est donc un miracle qu'elle ne m'ait pas vraiment agacé une seule fois dans ce film, où elle joue assez bien, sans doute mieux dirigée et plus à l'aise que dans certains de ses rôles récents ("Inglorious Basterds" vient à l'esprit...). Je n'irai pas jusqu'à acheter son album, mon quota d'actrices qui n'ont pas de voix mais qui chantent et que j'adule étant déjà totalement rempli par Charlotte Gainsbourg, mais je suis réconcilié avec elle.
Enfin, les thèmes. Qu'on se le dise, ce film n'est pas une comédie, bien qu'il recoure à certains procédés comiques (notamment les personnages des meilleurs amis spécial comic-relief) et qu'on sourie donc parfois, à cause des situations effectivement cocasses ou des idées ironiques. Mais ce film est plutôt un drame ; une sorte de drame romantique. Y sont traitées avec précision et force la mort (bien plus tôt que ce qu'on aurait pu croire, par ailleurs), les difficultés amoureuses, la maladie. Par ailleurs, la sexualité du père est traitée de manière sobre et objective, sans le moindre cliché, et enchaîne quelques réalités percutantes, notamment dans le personnage de son petit-ami, dont l'éternel sentiment de victimisation homophobe rappelle avec intelligence à la mesure tout en dénonçant l'intolérance qui l'a sûrement amené à penser ainsi. Le tout selon un schéma narratif surprenant et ne répondant en rien aux codes de la comédie romantique.
Malgré tout cela, cette narration comporte quand même des défauts. Le plus grand en est l'absence d'enjeu dramatique pendant plus des trois quarts du film. Uniquement explicative, voire descriptive, l'histoire, malgré une succession de beaux moments, sonne parfois un peu creux tant on ne voit pas où est le problème ni donc où cela mène. Cela donne lieu à quelques moments de flottement et autres longueurs, d'autant plus que certains thèmes sont étirés au maximum, souvent avec peu de nuance entre les scènes.
Si malgré toutes ces bonnes surprises, le film n'en devient pas pour autant excellent, il sait rester juste, sincère et touchant, et, ma foi, quand on a une affiche comme celle-là, c'est largement suffisant.
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