lundi 13 juin 2011

"Midnight in Paris", Woody Allen

(Bon, ok. Y'a rien de pire que les débuts de blog. Je propose qu'on commence, tout simplement.)

Enfin retiré de mon isolation estudiantine, j'ai pu commencer ma grande campagne de ré-rentabilisation de la carte UGC Illimité, financée pour du beurre lors de ces derniers mois. Pour entreprendre cette démarche tant attendue, j'ai profité d'un trou dans mon emploi du temps étonnamment chargé pour une période de libération vacancière en débutant par le nouveau Woody Allen tant acclamé.


Le "nouveau Woody Allen", déjà ; parce que c'est devenu une habitude. Les films de Woody Allen sont comme le Beaujolais Nouveau ou la Fête de la Musique : chaque année, on en entend parler quelques mois auparavant et on se rappelle soudain de leur existence, on se renseigne rapidement et on se dit qu'on ira peut-être, cette fois, enfin, si on en a l'occasion. Et si on le rate, c'est pas très grave, il restera toujours l'an prochain.

"Minuit à Paris", contre toute attente ou en tout cas tout synopsis que j'aie pu lire dans la phase de pré-information sus-citée, renoue avec une certaine inclinaison fantastique. Le charme opère donc d'autant plus si on ne s'y attend pas, comme moi qui étais resté sur les intrigues amoureuses pseudo-modernes de "Whatever Works". Alors, on accompagne Gil dans cette lente compréhension pleine de doutes, saupoudrée d'une légère féérie inexpliquée et suivie d'un enthousiasme rêveur. Sympathiques caractéristiques du genre.


Pourtant, il faut le dire, l'histoire en elle-même ne déborde pas d'originalité. Le scénario saute la tête la première dans chacune de nos attentes. La morale est sauve, les quelques doutes sont comblés, chacun y trouve son compte, et tout s'arrange quand même vachement bien, pour finir : voilà qui tombe remarquablement bien. Le côté fantastique pose sa graine d'originalité agréable mais rappelle bien trop "La Rose Pourpre du Caire" pour vraiment surprendre.

Car on en est là : un film de Woody Allen s'apprécie comme une réunion de famille chez ses grands-parents. Ca fait plaisir, c'est familier, c'est habituel, presque routinier. Et même si les détails varient, les gens changent un peu, on retrouve cet éternel côté désuet, signé notamment par une photographie jaunie et des fondus qui ont bien mal vieilli.


Je n'ai pas la prétention d'avoir vu beaucoup de films de Woody Allen même si c'est une expérience qui me plairait ; dans de telles conditions, il serait aisé de crier au génie. Mais le génie était là bien avant moi. Et si, avec mon maigre ratio de films vus, je suis capable de voir les ficelles qui se répètent et les procédés devenus routiniers, il est tristement facile de conclure que le génie est un peu reparti, depuis.

Je passerai rapidement sur la piètre performance de Marion Cotillard, qui a signé ma décision d'arrêter d'espérer à son sujet, tant ses minauderies incessantes semblent désormais gravées sur son visage comme une rhinoplastie ratée. Je n'ai même pas envie de parler de Carla Bruni, deux des trois scènes de son rôle ayant été clairement écrites pour justifier sa présence et la visqueuse promotion qui allait être faite autour, son "jeu" ne témoignant que du fait qu'elle ne s'était absolument jamais retrouvée dans la position de son personnage : Carla Bruni n'aura joué que Carla Bruni. Fort heureusement, les autres acteurs réussissent à faire sourire ou rêver, sans trop impressionner mais en ayant la bonne idée d'être souvent justes. Mention spéciale à Kathy Bates, choix indiscutable.


En dépit d'une promotion parisienne trop ostentatoire et poisseuse, et de tous les défauts précédemment cités, le charme suranné fait malgré tout parfois effet, le tout embelli par le charme des années vingt et le thème de l'écriture sans cesse torturée par soi ou les autres. Si le film n'apporte rien de bien nouveau à cet éternel débat, il permet un rappel bien vu sur l'importance de l'art par ce voyage à travers les époques. Beaucoup d'idées intéressantes sont lancées : l'interprétation de l'art, la part de subjectivité de l'artiste et du spectateur, analyste ou badaud, l'importance d'être honnête envers soi-même dans son art. Malheureusement, peu sont suffisamment approfondies, mais c'est peut-être mieux quand on voit combien la morale de l'histoire est explicitée devant le spectateur de la même façon qu'on explique et gâche le sens d'une blague. On aurait aimé, pour le coup, que la chose se fasse de manière un peu plus subtile... ou qu'on fasse un peu plus confiance aux fameux interprètes de l'art.

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