Je n'étais pas très motivé à l'idée d'aller voir ce film dont j'avais entendu beaucoup de mal, mais il m'était important de me faire mon propre avis sur la fameuse et polémique "Palme d'Or". Je ne savais pas si le snobinardisme cinématographique de pseudo-intellectuel-futur-bobo-pédé (PIFBP, donc) que je suis en train de développer suffirait à me faire apprécier le film. Malheureusement, il semblerait bien que oui ; misère.
Ce qu'on oublie souvent de préciser quant à ce film, c'est que "The Tree Of Life" commence dans la mort pour s'interroger sur la vie dans tous les sens du terme, par tout un déroulé d'images et de souvenirs qui arrivent naturellement en réponse au deuil. Ces séquences atteignent un puissant niveau de symbolisme laissant une place appréciable à l'interprétation personnelle. Et si la mienne est relativement simple, elle m'a permis d'aimer le film. La principale critique portant sur le film porte souvent sur cette longue succession d'images de nature, de "catastrophes naturelles", de paysages, puis des fameux dinosaures. Pourtant, une logique peut y être décelée : le personnage de la mère voit la confrontation entre sa foi et son incompréhension du décès, et toutes les questions qui en découlent pour une personne croyante sont traitées à travers les quelques lignes de dialogues saupoudrées sur ces images magnifiques. On y retrouve la violence de la douleur, la remise en cause de la foi, et toutes les questions métaphysiques que l'on se pose dans de telles circonstances. Le tout étant porté par la pure beauté des images et de leur succession. Une grâce semble s'en dégager, et le choix de la confrontation des dinosaures m'a ému plutôt que dérangé.
Une deuxième partie du film se consacre plutôt au personnage du fils qui se remémore ses souvenirs d'enfance. Malheureusement, à s'attarder trop sur les plans, le film omet d'installer correctement les bases pour que l'on puisse comprendre directement les retours dans le passé, et notamment quel enfant est quel adulte... Cependant, les scènes s'enchaînent avec une douceur et un réalisme de l'enfance qui est parfois frappant, notamment dans les passages sur l'apprentissage de la tolérance, de la différence, le tout en quelques plans souvent sans dialogue et pourtant d'une clarté limpide. De nombreux thèmes sont traités, me rappelant Enfance de Nathalie Sarraute que je lis actuellement. Une réflexion sur l'éducation en découle, forte et troublante, portée par le personnage de Brad Pitt très finement dessiné et par ses prenants rapports avec sa famille, tantôt touchants souvent terribles. En parallèle, l'horreur du décès pour la famille apparaît de plus en plus claire et violente, et c'est sûrement là tout le mérite du film : il parvient, par les mêmes images, à traiter l'enfance, le deuil, la mort, la vie. Un travail hors-du-commun.
Le film est un exemple parfait de la capacité qu'un cinéaste peut avoir à magnifier totalement son scénario par une réalisation toujours incroyablement adaptée, et une interprétation absolument impeccable. Brad Pitt surprend par sa subtile justesse, et vole la vedette à Sean Penn qui souffre de son peu de temps d'écran. Les enfants sont tout aussi impressionnants et leur jeu témoigne d'une direction de qualité. Mais la mention d'honneur revient à l'indescriptible Jessica Chastain, absolument parfaite et magnifique.
Évidemment, les critiques qui ont été faites au film sont aussi compréhensible. "The Tree Of Life" souffre de sa position particulière. Il possède le casting et l'exposition médiatique d'un blockbuster tout en présentant le fond d'un film d'art et d'essai. Dans de telles conditions, ce n'est pas étonnant que mes jeunes voisines aient ricané pendant la longue séquence de début : "Il est où, Brad Pitt, putain ?". Il est vrai, de plus, que malgré cette grandiose réalisation, ces plans magnifiques, ce jeu impeccable, ce thème fort, le film pêche tout de même par certaines séquences dont le symbolisme apparaît un peu trop opaque, rendant quelque peu aléatoire l'appréciation du film par le spectateur selon l'état émotionnel dans lequel il se trouve lors du visionnage du film.
Par ailleurs, et en dépit de tout, les longueurs sont bien présentes : quelque chose de plus concis aurait peut-être été préférable, mais à vrai dire, surtout au niveau de la deuxième partie, tant la première était frappante par les enchaînements de ses images majestueuses. Malheureusement, cette longueur excessive fait qu'en dépit de tout, ce n'est pas un film que j'aurais spécialement envie de revoir. Je suis néanmoins très heureux de l'avoir vu, tant je n'avais pas témoigné d'un tel travail sur l'image et la portée symbolique depuis "Antéchrist", sur lequel "The Tree Of Life" possède l'avantage de la qualité du thème, intimement beau. Il mérite à mes yeux sa Palme d'Or et, bien qu'un peu trop élitiste, restera un travail cinématographique juste et unique.
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