mardi 6 novembre 2012

"In Another Country", Hong Sang-Soo

Entre nous, d'habitude, je résume moi-même les films pour votre plus grand bonheur, bien que les miens finissent toujours par ressembler furieusement à de mauvaises paraphrases des synopsis officiels. Pour celui-ci, je ne prends pas la peine : "Dans un pays qui n’est pas le sien, une femme qui n’est à la fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, a rencontré, rencontre et rencontrera au même endroit les mêmes personnes qui lui feront vivre à chaque fois une expérience inédite.".


Ce film à sketches démultiplie la même histoire en d'intimes variations. L'onirisme qui en découle est lumineux, léger et vaporeux. La réalité et la fiction se mélangent : est-ce juste la plume d'une jeune coréenne en pleine création absurde, ou l'histoire juste de cette touriste extirpée ? Ce sont presque quelques courts-métrages, qui seraient poétiques dans leur seule existence indépendante, mais qui, juxtaposés dans leur similitude sensible, forment un ensemble délicat, à la fois intriguant et simple. 


Leurs histoires se focalisent toujours sur Anne, la toujours excellente Isabelle Huppert, et on voit difficilement quelle autre actrice aurait pu apporter une telle haute sincérité à trois ou quatre personnages dont elle parvient à en faire à la fois autant de facettes de la même personne, et des profils différents d'êtres indépendants. C'est sur son talent que tout le film repose : à chaque nouveau chapitre, on redécouvre une Anne nouvelle et familière, qui, selon un schéma changeant, fait les mêmes rencontres qui provoquent en elle des réactions différentes, des émotions inédites, mais toujours inscrites dans une même quête indicible.



Dans la beauté triste du paysage asiatique, les couleurs se côtoient avec autant de ferveur et de pudeur que les passages du film, et les dialogues viennent y déposer leur réaliste absurdité. Celle de ceux qui parlent alors qu'ils n'ont rien à se dire, soudain unis par l'endroit qu'ils se partagent entre résidents et touristes. Celle de la disparité culturelle entre l'Orient et l'Occident, celle de la joie honnête de la solitude dans un autre pays. Le film de Hong Sang-Soo est aussi beau, doux, vrai et saugrenu qu'une poésie d'enfance.

2 commentaires:

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!