dimanche 25 novembre 2012

"Augustine", Alice Winocour

Pour son premier film, Alice Winocour choisit pour thème l'étude de l'hystérie par Charcot à la fin du XIXe, à travers une patiente, Augustine, servante atteinte de ce mal étrange... Un choix qui n'est pas sans rappeler le décevant "A dangerous method", mais qui, à la sauce française, et avec une ambition plus franche, passe en fait beaucoup mieux.


Je dois admettre mon impartialité quant au sujet : en tant que futur-psychiatre-si-tout-se-passe-bien, l'aspect historique de la discipline m'a été passionnant. L'hystérie est, et a toujours été, une maladie mystérieuse, et l'attachement du célèbre professeur à cette pathologie controversée est très intéressant à suivre. Revivre le traitement (dans tous les sens du terme) des patientes, l'étude déjà à la fois psychanalytique et neurologique, les implications politiques et sociales d'une maladie encore crue limitée aux femmes, rend l'histoire captivante. La pathologie devient le troisième personnage entre le duo principal du médecin et de la malade, celui que l'on voudrait démasquer.


A cela s'oppose le reste de la caractérisation, qui constitue le problème source du film. D'un côté, un Charcot que seulement entraperçu, globalement du point de vue d'Augustine mais pas trop, pas toujours, sans trop de raison, et qui apparaît comme un homme à la fois dur et soumis à la politique de son époque, passionné et presque corrompu, mais sans que l'impact de ces différentes directions sur son psychisme ne soit jamais plus étudié. En conséquence, Vincent Lindon est certes impeccable mais manque cruellement de défi, livrant un personnage certes toujours en accord avec chaque scène, mais dépossédé de personnalité globale. De la même façon, Soko surprend en maîtrisant bien un rôle difficile, mais la petite Augustine est cruellement dépourvue d'épaisseur.


Ainsi, la relation que les deux sont censés développer sera sans profondeur et c'est tout le récit qui en souffrira, de son corps qui choisit pour une raison obscure de se centrer sur cette dualité trop peu explorée, jusqu'à sa fin peu surprenante et mal amenée. Fort heureusement, ce n'est pas tout ce que le film a à offrir ; on pourra se au moins délecter de cette reconstitution historique avec force costumes et décors, de l'apparition de mon cher professeur de théâtre extraordinaire Jacob Vouters (big up), d'une mise en scène efficace doublée d'une réalisation sobre et agréable, des inclusions astucieuses comme les témoignages de vraies malades, et surtout d'une atmosphère ambitieuse et réussie. Autant d'éléments qui donneront l'intérêt à cette oeuvre et presque oublier que le film omet de formuler ce qu'il a à dire.

2 commentaires:

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