vendredi 2 novembre 2012

"Do Not Disturb", Yvan Attal

Allons bon. Déjà, c'est un remake. Ensuite, l'idée de base est quelque peu glauque : deux potes hétéros décident de tourner un film porno amateur pour un festival. Un film porno gay, à deux, donc. (Ce film aura au moins le mérite de me faire gagner plein de visiteurs grâce aux mots-clef. Porno, porno, porno.) Mais il y avait un peu d'espoir : Attal a déjà fait quelques bons trucs, et puis il a eu la... gentillesse ? masochisme ? de caster sa femme, Charlotte Gainsbourg, dans un second rôle. Et s'il y a bien un message que ce blog doit vous faire passer, outre celui que mon verbe est somptueux, c'est bien que la présence de Charlotte dans un film vaut qu'on y jette un œil.


Alors jetons-y un œil ; et puis même les deux, c'est le même prix, après tout. On remarque avec surprise qu'Attal fait preuve d'une certaine sensibilité (mais tout de même bien butch) dans la mise en scène : à plusieurs reprises, le film étonne par des plans élégants, composés avec goût et parfois même inventifs. Cela apporte un éclat inattendu à cette comédie qui peut dès lors se pâmer d'être plus que ça ; mais pas bien longtemps. Le jeu des acteurs principaux est un autre atout : malgré des personnages initialement stéréotypés, François Cluzet et Yvan Attal font preuve, là encore, d'une sensibilité qui aide à les développer un temps soit peu. On ne peut, et c'est sans doute là la plus grande surprise, pas en dire de même de Charlotte Gainsbourg : la pauvre belle se retrouve affublée d'un rôle qui a plus des airs de blague malsaine, un énorme cliché géant dont il est impossible de sortir. C'est pourtant déjà mieux que Laetitia Casta, qui cabotine dans un rôle énervant, et Asia Argento, vite oubliable.

ma charlotte t'es trop belle tmtc

Parce que pour la suite, Yannick Barbe l'a déjà mieux dit. Il est à la fois agaçant et amusant de voir s'élever devant ces hommes hétéros effarouchés (les personnages comme le réalisateur) le spectre menaçant de l'infâme sodomie. Et comme dans la vie, malgré leur ouverture d'esprit, ils ferment leur anus à double tour : les pédés, ok, mais se faire enfiler, plutôt crever. A ce titre, le long-métrage regorge de références se voulant subtiles à l'acte redouté. Et il leur faudra une heure trente pour mentionner, en une phrase sans conséquence, qu'en fait, le sexe entre hommes, c'est peut-être pas que ça ; avant de vite retourner vers leur obsession préférée. L'ensemble pue le beauf hétéro qui veut paraître cool, qui n'a rien contre l'homosexualité, celui qui finit par demander après quelques verres "et sinon, c'est qui qui fait la femme?". Et alors ça tergiverse, et alors ça vomit des clichés, et alors ça tourne en rond et encore en rond.  Et quand ça se termine enfin, la fin est tellement peu audacieuse que le film s'enferme tout seul dans le rang des comédies ratées, se voulant irrévérencieuse mais finalement bien étroite. On touche en fait là à la signification première de l'homophobie : pas de la haine, mais une peur-panique.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!