samedi 3 novembre 2012

"Elle s'appelle Ruby" / "Ruby Sparks", Jonathan Dayton & Valerie Faris

Pygmalion, version indé. Jugez plutôt : un jeune et célèbre écrivain en panne d'inspiration écrit, sur les conseils de son psychiatre, à propos de sa femme idéale, Ruby, jusqu'à tomber amoureux du personnage. Et un jour, sans raison, Ruby apparaît, inconsciente d'être sa créature mais très consciente d'être sa copine... sur laquelle il a toujours le pouvoir de changer quoi que ce soit par le simple cliquetis de sa machine à écrire.


L'idée de base est donc séduisante et prometteuse - l'écueil était donc sa mise en œuvre. Mais le film évite ce piège en maintenant un bon rythme, malgré une mise en place assez longuette, et en exploitant le potentiel du récit dans toute sa cruauté et toute son absurdité. On suit donc avec intérêt cette histoire improbable alors qu'elle alterne entre situations cocasses et moments tendres avant d'oser prendre un tournant extrêmement sombre. Le récit fonctionne aussi parce qu'il prend le temps de dresser ses personnages, et même d'établir une réflexion véritable sur la relation amoureuse. Cet aspect fonctionne d'autant plus qu'il surprend, en plein milieu d'une comédie indé, lorsqu'il parvient à exposer les failles du couple et de l'ego, de façon délicate et intéressante.


Le tout se déroule néanmoins dans un environnement globalement joyeux, animé avec goût et épices par les réalisateurs de "Little Miss Sunshine". Si tout le monde les attendait au tournant après ce succès, ils proposent ici un film à la fois plus intime et plus humble, mais savent s'entourer d'un casting riche et varié, dirigé avec un tel soin que tous font oublier à merveille leurs rôles précédents, et notamment le méconnaissable Antonio Bonderas. Ainsi, on retiendra les apparitions de la lumineuse Annette Bening, la pétillante Alia Shawkat, le sceptique Elliott Gould, ou encore la flamboyante Deborah Ann Woll dans une scène aux dialogues résumant parfaitement les difficultés amoureuses.


Mais c'est bien sûr le couple qui marquera les esprits : Paul Dano, parfait en paumé, et Zoe Kazan, sorte d'Amy Pond  instable et protéiforme, qui signe aussi ce très joli scénario. C'est probablement pourquoi le film se permettra même une réflexion véritable et émouvante sur l'écriture, sa commercialisation, son but, son public et son pouvoir. La fin surprendra mais convaincra, pour conclure un de ces films purement indés, donc sans trop de genre ni, pour le coup, trop de prétention, et qui parviennent, à petites doses, à faire rêver, réfléchir, rire et pleurer.


1 commentaire:

  1. Je viens de voir ce film grâce à toi. Merci pour ce beau moment ! Clara

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Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!