dimanche 4 novembre 2012

"Dans La Maison", François Ozon

Le nouveau Ozon, outre le fait qu'à chaque fois que j'y pense, j'ai envie de beugler cette chanson, parle d'un professeur de littérature au lycée qui, au milieu d'un océan de mauvais élèves, rencontre Claude, jeune écrivain talentueux, qui puise son inspiration perverse dans l'observation malsaine de la famille d'un de ses camarades. 



C'est ainsi que le long-métrage se construit autour des rédactions de l'élève et des commentaires de son professeur, qui distribue moult leçons littéraires, parfois intéressantes mais souvent simplistes, mais qui savent en fait élaborer un univers entre deux arts. Très vite, c'est la question de la réalité, de la "déréalité" qui se pose : la force du film se situe justement en cette frontière brouillée entre la fiction et le réel. Bientôt la fiction dégorge dans le réel, et le réel se soumet à elle, il la craint mais la suit, elle s'en nourrit et s'en émancipe, jusqu'à ce qu'ils soient tous deux si intriqués que leur distinction n'ait plus d'intérêt. Dans ce combat, la caméra d'Ozon se fait très discrète et calfeutrée, elle offre une image toujours aussi nette, mais moins construite, elle se fond dans le tourbillon des récits.



Là, il y a Luchini, avec toujours son maniérisme assumé et sa diction insupportable, mais dont les habitudes de jeu finissent elles aussi par se glisser sous la perversion du jeune Ernst Umhauer, dirigé à la baguette par le maître Ozon. Dans ce labyrinthe de mots, cette galerie de portraits déformants, on retrouve aussi Emmanuelle Seigner, assez délicate, l'inattendue Yolande Moreau, et encore Kristin Scott Thomas, dans un rôle peu défiant, tandis qu'on découvre le touchant Bastien Ughetto. Et ce sont tous leurs personnages qui semblent peu à peu infectés par cette verve asphyxiante, qui les cerne et les masque à la fois, qui déborde aussi dans des réflexions sur l'art, souvent balbutiées, mais là encore parfois justes.



Et alors que la spirale maligne du scénario se referme de plus en plus sur les protagonistes comme le spectateur, elle se resserre en une conclusion un peu décevante, loin des promesses narratives prononcées par Luchini : "une bonne fin, ça doit te faire dire "je n'en reviens pas, mais en même temps, ça ne pouvait pas se terminer autrement".". "Dans La Maison" ne se conclut pas ainsi : il se rabaisse d'abord à un triste vaudeville, avant de perdre sa subtilité dans une fin trop radicale. On remerciera quand même Ozon du voyage, ou au moins du parcours, mais on attendra qu'enfin soit réunis la réflexion et l'émotion.


4 commentaires:

  1. et l'architectuuuuure ! c'est un film dans lequel l'architecture de marne la vallée est très bien filmée.

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  2. https://fr.wiktionary.org/wiki/mono%C3%AFd%C3%A9ique
    cqfd.

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  3. oui c'était moi !
    et "tmtc" ivan !

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