mercredi 5 septembre 2012

"Superstar", Xavier Giannoli

Vous n'y croyiez plus et pourtant je suis revenu. C'est la rentrée pour tout le monde, dites donc. Enfin, si ce n'est que je suis en vacances pour un mois et que je vais pouvoir aller au cinéma et vous faire rêver comme au temps jadis. Et on commence tout de suite avec "Superstar", film franco-franchouillard de Xavier Giannoli, avec Kad Merad et Cécile de France dans l'histoire un peu absurde d'un parfait quidam qui devient célèbre du jour au lendemain sans la moindre raison apparente.



Le scénario du film tient donc sur une prémisse kafkaïenne : cet inconnu qui, du jour au lendemain, devient extrêmement célèbre, reconnu par tous et aimé du public alors qu'il n'a absolument rien fait pour. On pourrait croire que l'un des enjeux du long-métrage serait de comprendre la raison de ce succès aussi immédiat qu'immérité, et ce d'autant plus que le protagoniste répètera ad nauseam la question "Pourquoi ?", teaser épuisant qui ne trouvera en fait jamais de vraie réponse. Sans doute Giannoli se pâme-t-il de cet absurde assumé, mais cela affaiblit surtout le propos du film. Effectivement, le scénario, une fois posée son idée principale par une trame narrative un peu simpliste et peu subtile, se sert évidemment d'elle pour exprimer des critiques.


Des critiques du public qui aime sans savoir pourquoi, qui "aime et déteste" en même temps et regarde des émissions qu'il méprise, des médias qui se servent de ces engouements inopinés et éphémères, à la fois esclaves et marionnettistes des envies de ces "gens banals", qui sauront récupérer et marketiser le moindre écart des sentiers battus pour en faire un produit commercial. Si ces analyses sont bien entendu fondées (et tout le monde en était déjà convaincu, que les choses soient claires), elles s'épuisent vite, semblant à la fois hypocrites de la part d'un film grand public, et, finalement, plutôt vides, comme celles d'un râleur reclus qui ne fait rien pour changer les choses. Au total, elles paraissent surtout bien pâles à côté des brillantes démonstrations de l'excellente "Black Mirror", série de téléfilms britannique qui savait pour le même propos allier subtilité, violence et profondeur.



Au-delà de cela, l'histoire reste cela dit agréable à suivre, surtout grâce aux interactions des personnages qui se révèlent plutôt intéressantes : Cécile de France plaît, malgré une caractérisation souvent erratique et des costumes improbables et injustifiés, en journaliste a priori humaniste, tandis que Louis-Do de Lencquesaing repose une fois de plus sur la facilité en trouvant là encore un rôle sur mesure de fier salaud. Cédric Ben Abdallah, malgré un jeu souvent encore léger, correspond bien à ce rôle de journaliste télé. Enfin, Kad Merad, qui revient à un rôle sérieux, confirme qu'il devrait se contenter de comédies familiales sans prétention, car s'il a la tête de l'emploi, il n'en a guère les capacités. Finalement, on retiendra surtout Alberto Sorbelli, dont le personnage est sans doute le plus intéressant du lot, à la fois acteur du système voyeuriste et cruellement lucide quant à sa propre horreur.


Là où il aurait pu virer vers le thriller ou la polémique, la lente et attendue transformation du long-métrage en mélo un peu long et pleurnichard n'est pas sauvée par la morne et mauvaise mise en scène ni par les aspects techniques du film, affolants d'amateurisme par moments (et ce n'est pas ma fière accompagnatrice qui dira le contraire quant à l'ingé son). Ainsi, si le film part d'une idée directrice intéressante, il se contente d'un déroulement sans surprise, souffre d'une réalisation insignifiante, et crachouille quelques critiques peu constructives, laissant avant toute chose une puissante impression de gâchis.

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