vendredi 28 septembre 2012

"Robot & Frank", Jake Schreier

J'ai souvent dit apprécier les films qui se passaient dans un autre temps mais ne racontaient pas l'Histoire, préférant s'attarder sur ce qu'on n'apprend pas dans les livres : la vie des gens autour de ces grands événements politiques et économiques. Pour "Robot & Frank", c'est un peu le même principe, à l'exception du fait que cela se déroule dans le futur : "dans un avenir proche", les robots sont suffisamment perfectionnés pour servir d'auxiliaire de vie. Et Frank, ancien cambrioleur maintenant acariâtre et râleur, voit son fils lui en offrir un, pour palier aux pertes de mémoire récurrentes dont il souffre. S'il est plus que réticent au début face à ce compagnon non désiré, il apprend vite que l'androïde peut être très utile... suffisamment pour le convaincre de reprendre ses activités passées.


Et c'est en fait là la mauvaise idée du film : très vite, on s'enlise dans des histoires peu passionnantes de cambriolage, sans intérêt, sans suspense et sans souffle. Le moyen pour y arriver est bancal et illogique, et le film prend le parti de refuser de commenter réellement l'aspect moral du projet de Frank, dessinant mal le personnage, et laissant le récit dans une sorte d'entre-deux inconfortable. Si cela permet de réaliser quelques scènes haletantes, et même si le long-métrage en reste plus ou moins divertissant, on sent surtout le potentiel gâché, d'abord de cette affaire de vol qui fascinera bien peu et dont le but narratif semble bien simpliste, mais aussi du concept même du robot auxiliaire de vie. Il y avait pourtant de quoi développer : et si le personnage de la jolie mais un peu transparente Liv Tyler se rebelle d'abord quant à l'utilisation de machines pour des tâches humaines, cette problématique sera vite éludée et la belle changera d'avis sans plus d'explication.


Par ailleurs, on finit par se dire qu'on aurait même préféré une histoire, simple mais jolie, d'un vieil homme grincheux qui est tellement seul qu'il s'attache à une machine. A la place, la relation n'est pas claire : Frank semble davantage abuser du robot que l'aimer, et s'ils développent une complicité certaine, on peine à croire à son entêtement à ne pas l'abandonner. Ajoutons à cela que le 'personnage' du robot n'est pas bien cerné par ailleurs : durant presque tout le film, il semblerait que le scénariste n'a jamais su décider entre lui donner une personnalité humaine, une absence de personnalité due à son état de machine, ou quelque chose entre les deux, une intelligence artificielle s'approchant de l'émotion. Les questions étaient là, mais le film n'ose pas les poser pour préférer faire l'autruche dans une histoire superflue et souvent ennuyeuse ; les occasions étaient en or, mais ne seront quasiment pas saisies.


Mais contre toute attente, le film sera rattrapé de justesse par sa conclusion. Elle commence par une révélation totalement inattendue mais en fait assez subtilement amenée, redressant d'un coup la qualité du récit, et portée par la très bonne Susan Sarandon. Et elle se termine par quelques scènes intimes, pudiques, poétiques, réalisées avec douceur et sensibilité. Le film touche alors, enfin, quand il pense enfin à se focaliser sur ce qui compte ; dommage qu'il n'y parvienne qu'aux dernières minutes.


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