Alors je n'ai rien à écrire sur le film, ou plutôt je n'ai rien à critiquer. Un film d'un tel niveau se pose là avec une évidence telle que tout est dit. Il atteint un stade où il ne sert plus à rien de répéter ce que presque tout le monde murmurera en sortant de la salle de cinéma. Acquittons-nous de cette tâche : Kirsten Dunst est éblouissante, Charlotte Gainsbourg est bouleversante, la réalisation est d'une justesse sans faille, le concept est brillant, le scénario relève du génie, la beauté des plans est à reléguer tout autre film au niveau d'une cassette poussiéreuse d'un épisode des Feux de l'Amour, la lumière est incroyable, les personnages sont superbes et, pour le coup, le message est humain et transcendantal. On pourra discuter de l'emploi de certains personnages, de l'échec de la transition au cinéma de Kiefer Sutherland (et, dans un certain sens qui laisse cependant plus d'espoir, Alexander Skarsgård). Voilà, maintenant que ça, c'est fait, je vais plutôt vous parler de mon ressenti.
L'infinie différence de charisme entre Charlotte Gainsbourg et Kiefer Sutherland, dont le casting comme couple relève alors de l'absurde. |
Contrairement à sa sœur - et la dépression est montrée là sous un jour à la fois réaliste et novateur. La cause s'avère être une incapacité à grandir, à accepter l'âge adulte, comme son éternel recours à ses parents, son interrogation sur la sexualité et sa permanente régression en témoignent. Jusqu'à ce cette arrivée de la fin du monde, alors perçue comme la méritée réponse à tout. Troublant, fascinant et, de manière surprenante, extrêmement juste. Le titre nous prévient : c'est de mélancolie dont il est question ; mais ce que beaucoup de gens semblent omettre, c'est que c'est bien la mélancolie au sens psychiatrique du terme qui est traitée, c'est-à-dire le plus haut stade de dépression. Les symptômes sont tous présents chez Justine, et cette immense et inévitable planète en apparaît l'allégorie.
C'est ainsi que l'histoire d'une collision d'astres ne donne pas place à un film de science-fiction, parce que l'innovation vient aussi du fait que pour une fois, on ne suivra pas la famille qui, par erreur ou par héroïsme, sera celle qui fait tout pour sauver le monde. On suivra au contraire la pure réaction de la condition humaine face à cette catastrophe surnaturelle, ce que personne n'avait vraiment fait jusque là et ce qui donne un résultat obsédant. C'est dès lors la tragédie qui triomphe de ce subtil mélange des genres : le statut social des personnages, la transcendance de leur existence, et ce par l'inexorabilité du destin astronomique qui les surplombe jusqu'à les écraser en sont tout autant de stigmates. Alors, là où Lars Von Trier avait fait de "Antichrist" un violent (et, apparemment, efficace) exutoire pour sa misogynie, il signe avec "Melancholia" une passionnante réflexion sur la (sa...) dépression, avec poésie, intelligence et sincérité.
Tu as réussi a employer transcendental dans ta prose. Si si, je t'ai vu.
RépondreSupprimerEt tu m'a même donné envie de voir le film (alors qu'une amie moins bonne critique que toi m'a dit que je perdrais mon temps... mais bon. ça manquait d'argument) (et j'aime beaucoup dancer in the dark aussi) (et je suis une pro des parenthèse t'as vu)
Le "transcendantal" (et SURTOUT PAS "trancendant" ATTENTION) t'était dédié, baby.
RépondreSupprimer