lundi 1 août 2011

"Harry Potter & the Deathly Hallows, Part 2" (of the Seventh Movie. That's right.), de David Yates

Je n'avais pas prévu d'aller voir ce film. Déjà, je n'avais pas vu la première partie (mais j'ai lu le livre lors de l'époque lointaine de mon tout premier Paléo, quand j'étais encore un jeune bachelier naïf et innocent), et puis, personnellement, pour moi, "Harry Potter", toute la magie s'en est éteinte à l'épilogue dudit livre et après quelques déclarations de la Rowling. Bref. Mais bon, voilà. On était à Londres, quoi. Genre à Londres. A fortiori : à Camden Town. Bon. Voilà, quoi. J'ai donc accompagné une autre international student pour voir le dernier chapitre, la fin d'une ère, it all ends, maintenant nous sommes adultes, et compagnie.


Ca a bien commencé. J'ai eu un peu de mal à me souvenir de ce dont il fallait se souvenir : j'aurais apprécié un résumé de la première partie (en plus ça leur aurait rempli de précieuses minutes, j'y reviendrai), mais bon, j'imagine que ce n'est pas nécessaire pour un film destiné aux fans avant tout (j'y reviendrai aussi). Mais on se prend facilement au jeu, grâce à un univers bien sombre. L'apparition rapide d'Helena Bonham Carter dans le  rôle d'Hermione y était aussi pour beaucoup. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ils n'ont pas pu présenter la baguette de Bellatrix à la banque, mais bon, passons. Tout ce passage était intéressant, drôle, rythmé, bien narré, pas trop mal joué (enfin, il ne faut pas trop en demander à Radcliffe, tout de même), bien que déjà un peu too much par moments (dragon j'écris ton nom), mais délicieusement incorrect par moments (qui a commandé le nabot grillé?).

C'est par la suite que ça déraille : un enchaînement de scènes incroyablement longues et ennuyeuses, qui sonnent comme un supposé fan service peu sincère, en forme de "Vous avez vu, on respecte grave le bouquin, on vous laisse, pour une fois, de longues scènes de dialogues, par respect, hein, c'est pour ça qu'on a découpé le film en deux, pour que vous puissiez jouir de ces merveilleux moments", alors que la vérité n'en sonne que plus claire "Merde, on a décidé de faire deux films pour avoir encore plus de fric, mais il se passe pas énormément de choses dans ce bouquin comparé aux autres, alors faut qu'on remplisse pour justifier, sinon tout le monde va capter!". Dans le genre, il y a aussi les exactes TRENTE MINUTES de publicité avant le début du film (à partir de l'heure de la séance...). Non non, Harry Potter n'est pas une machine à fric. Ben voyons.


Mais ce n'est pas tout : on a aussi des scènes d'action, me direz-vous. Certes, elles sont brouillonnes, laides, illisibles, comme une vilaine resucée du Seigneur des Anneaux en mode raté. Mais ce n'est pas grave, parce que, et on touche là au noyau du film : on n'a pas besoin de vraiment se fouler, ce film est fait pour des fans ! Ceux-ci ont supposément juste envie de voir sur écran ce qu'ils connaissent en livre, d'en prendre plein les mirettes et d'être ému un minimum. L'histoire, ils la connaissent déjà : pas besoin de la raconter, de toute manière, elle est trop compliquée. Contentons-nous de quelques rapides séquences pour ne pas l'occulter tout à fait et suivre le schéma général, mais dépêchons-nous pour pouvoir montrer surtout des effets spéciaux, du gâchis de budget, et aidons à visualiser de manière unique et conforme ce que chacun avait imaginé à sa façon. Du spectaculaire, bien entendu, c'est à ça que le cinéma se résume ! Et c'est ainsi que Yates ne prend aucun risque, ne fait aucune démarche personnelle. Il ne fait ni plus ni moins que ce qui est attendu de lui, sans innover, sans corriger, sans créer. J'avais préféré le troisième volet, où la réalisation et le récit faisaient preuve d'originalité, n'en déplaise aux puristes. Ici, tout est tristement attendu.

Et ce jusqu'au jeu désastreux des acteurs, au moins une constante dans les films Harry Potter (tout au moins les 7.5/8 que j'ai vus). Oh, mon pauvre Daniel, il est temps pour toi de disparaître, d'accord ? J'ai été très surpris de voir qu'Alan Rickman avait été tant acclamé pour le rôle (souvent décrit comme le seul bon acteur de la production) : de mon côté, je l'ai trouvé très mauvais, dans le genre "j'ai trouvé une diction particulière de mon personnage alors je prononce toutes mes répliques de la même façon". J'aurais plutôt retenu Maggie Smith, amusante et émouvante, et j'aurais aimé pouvoir aussi parler de Julie Walters, si son passage culte, qui était le seul que j'attendais vraiment, n'avait pas été résumé au strict minimum en quelques secondes rapides.


Je ne nierais pas certains passages amusants ou bien menés, notamment puisque quand on applique une recette à la lettre, eh bien ça en a le résultat escompté - rien de plus. Cela n'empêche quelques magnifiques ratés (Voldy est parfois tout rigolo ; merci Neville de nous rappeler comme Harry vivra toujours dans nos coeurs kikoolol ; et c'est quoi cette séquence de "mort" toute pourrie ?), et il en reste que le film hésite à explorer ses personnages - j'ai apprécié le fait que le passage de Ron et Hermione dans la Chambre des Secrets soit montré, ce qui n'était pas le cas, si je ne m'abuse, dans le livre comme toujours enfermé dans son suivi têtu du personnage principal ; mais il sonne comme un triste prétexte à justifier les salaires de ces acteurs sous-exploités (ce qui, dans le cas de Rupert Grint, n'est sûrement pas un vrai souci).

Alors, je ne doute pas que chez ceux chez qui HP signifiait encore quelque chose d'important, c'était émouvant et, pour ainsi dire, réussi. Mais chez ceux qui, comme moi, n'ont pas cette chance, c'était juste mauvais : du fan service à 100%. Je suis donc resté de marbre face à ces plans caricaturaux des trois amis sur les ruines de leur château préféré ou à ces incursions d'extraits des premiers films pour montrer le chemin incroyable qu'ils ont parcouru jusqu'à l'âge adulte... Laissez-moi bâiller, au moins jusqu'à cet épilogue navrant et malheureusement représenté. A l'époque, il avait signé le cruel manque d'ambition de la femme la plus puissante du monde et avait enfermé à jamais Harry Potter dans la littérature enfantine et adolescente; le film en fait tout autant.

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