Dans les années 1960, un professeur d'université homosexuel, après avoir perdu l'amour de sa vie dans un accident de voiture, perd aussi l'envie de vivre et décide de régler toutes ses affaires en une dernière journée.
C'est dans un univers grisâtre que Colin Firth, qui a bien vieilli depuis "Bridget Jones" mais qui livre ici une performance spectaculaire de justesse et d'abandon de soi, plante le personnage millimétré de George Falconer, en ses qualités de professeur respecté, de meilleur ami adulé, d'amant rajeuni par la fougue de son élu, de fiotte détestée par ses voisins et d'homme prêt à se dévoiler tel qu'il est, maintenant que plus rien n'a d'importance. C'est tout autant de facettes qui dressent un portrait riche et fort permettant une identification ténue au personnage et renforçant ainsi l'intérêt du film, le tout transpercé par cette tragique prévision du suicide qui fait tout apparaître d'un jour nouveau.
Ces différentes identités de George Falconer se révèlent d'autant plus précisément dans ses interactions, avec les quelques personnages (dont le faible nombre rend le fonctionnement impeccable du scénario d'autant plus méritoire), bien sûr portés par l'excellent jeu de la flamboyante Julianne Moore et du sincère Nicholas Hoult, ou encore par l'apparition remarquée du magnifique Lee Pace (LEE JE T'AIME EPOUSE MOI!!). Dans chacune de ces relations, courte ou longue, que le personnage entretient à travers cette journée fatidique, sont traités en profondeur les thèmes sous-jacents ; on pense notamment à la passion dans l'amitié qu'il entretient avec Charley, dont les sentiments varient entre l'amitié, l'amour, la jalousie et la rage. Ou encore l'admiration polie pour le beau Carlos, les souvenirs mélancoliques de son Jim, et enfin, bien sûr, et c'est peut-être le plus troublant, le charme innocent de Kenny. Les dialogues sont excellents et sont la base de la qualité du film, parce qu'ils permettent le développement harmonieux de tous les personnages, la caractérisation de George et la riche construction de la narration. C'est une forte poésie qui ressort d'un récit marqué par de nombreux moments prenants par leur simplicité et leur justesse.
C'est souvent pour ces instants que Tom Ford lève le gris de sa photographie qui se colore jusqu'à saturation, comme insufflée de vie à nouveau, pendant quelques secondes insuffisantes, par un procédé cinématographique intéressant mais parfois trop utilisé. C'est d'ailleurs là un des très rares reproches qu'on pourra faire à une réalisation à la fois sobre et inventive, discrète et torturée, tout comme son personnage principal, qui évolue dans des décors années 60 qui contribuent largement au charme esthétique du film.
Si on pourrait reprocher à première vue une fin qui tomberait trop à point, le second visionnage corrigera ce point de vue erroné tant plusieurs indices sont dispersés avec goût et subtilité dans tout le métrage. Ne reste alors que l'émotion pure face à une telle précision dans la beauté des sentiments.
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