jeudi 14 juillet 2011

"Animal Kingdom", David Michôd

"Animal Kingdom" n'est que le premier film de David Michôd, et c'est assez surprenant quand on voit à quel point il est déjà très, très bon. L'histoire d'une famille de criminels chez qui est envoyé un taciturne neveu éloigné après le décès de sa mère - avec un synopsis tel que celui-ci, beaucoup d'écueils apparaissaient à éviter, et le film a le talent de tous les surpasser de haut.


Il s'agit d'un film cruel, sous tous les augures. La réalisation est froide, dure, directe, fascinante, à l'image du fonctionnement de cette famille singulière. Les plans sont méfiants, les regards sont longs, les couleurs sont glaciales. Le point de vue reste toujours observateur, reculé, presque scientifique, comme une sorte de documentaire animalier, expliquant le nom du film, qui s'intéresserait à cette étrange nature humaine dans ces conditions extrêmes qui révèlent un instinct animal comme valeur première. Jamais la caméra ne suivra les sentiments des protagonistes ; elle se pose juste, là, en témoin silencieux, comme Josh le doit pendant longtemps.


C'est en effet à travers les yeux de ce jeune que le récit se déploie au goutte-à-goutte. Et Josh (James Frecheville, très bon dans ce rôle difficile) observe et ferme les yeux à la fois ; longtemps, il se sent peu concerné par les activités qu'il voit autour de lui. C'est à contre-coeur qu'il participe rarement, mais plus par fainéantise que par questionnement moral. Et c'est avec horreur qu'on le voit se faire emprisonner dans les circonstances, déchiré entre deux chemins, chaque choix l'enfermant dans une situation intenable. Le film arrive à l'implacable et inévitable conclusion qu'il n'est pas possible de s'extirper de ce milieu une fois qu'on y a laissé la moindre trace. C'est donc avec un réalisme captivant et échappant à tous les pièges de ce genre de films que la bataille des clans, des intérêts et des conséquences se déchaîne.


Au milieu de tout ce chaos au ralenti, au-dessus de tous ces personnages intrigants et monstrueux, se trouve Jacki Weaver, au jeu impressionnant à la mesure d'un personnage hors-du-commun à qui elle donne toute sa force. Elle apparaît comme le point fixe, ancrant davantage l'intrigue dans le réel, et faisant de ce film de gangsters un véritable drame réaliste, profond et assurément cruel.

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