jeudi 14 juillet 2011

"Le Nom des Gens", Michel Leclerc

Une autre très bonne surprise. Je n'avais pas autant apprécié une comédie française depuis... aussi loin que je puisse me souvenir ?! J'en avais lancé le visionnage d'un œil distrait, ne pensant pas tout regarder d'un coup : le synopsis tel qu'il était présenté sur les sites web de cinéma à l'époque de sa sortie m'avait rebuté. En réalité, le rythme soutenu des dialogues et des situations m'a suffisamment captivé pour que l'heure trente-huit est passée en un clin d'oeil - et en plein écran.


"Le nom des gens" est une comédie qui réussit l'exploit de traiter avec brio et brillance de thèmes sérieux aussi nombreux que polémiques : la Shoah, l'antisémitisme, l'Islam et l'islamophobie, les abus sexuels, les convictions et la tolérance politiques, le fascisme, la gauche, la droite, le milieu et tout ce qui va avec. Une superbe recette de la catastrophe totale : et pourtant, c'est un pari plus que remporté. Tant et si bien que c'est sans la moindre surprise que, lors du générique de fin, on apprend que Michel Leclerc et Baya Kasmi ont remporté le Grand Prix du meilleur scénariste de 2008. En effet, le scénario est la plus grande force du film : autour de l'histoire d'amour principale s'entremêlent tous ces glissants sujets dans une harmonie parfaite, rythmée et maîtrisée avec un soin qui apparaît comme naturel et spontané. C'est sans le moindre à-coup que le récit file du début à la fin, nous mène par le bout du nez à travers toutes les identités rencontrées, les clichés et les caricatures dénonçant les réalités.


Avec une narration aussi subtilement gérée, la fin un peu trop brutale n'apparaît donc que plus abrupte, et c'est bien là l'un des rares défauts du scénario : lors du dernier quart d'heure, les ellipses s'enchaînent, ne laissant pas le temps à l'évolution des sentiments des personnages de s'installer, et obligeant de manière peu habile le spectateur à s'adapter à la vitesse accélérée de l'histoire, rendant la conclusion un peu prématurée, moins développée que le reste, et peut-être plus facile qu'elle n'est en réalité.

Malgré cela, c'est bien la justesse du traitement de ces sujets polémiques variés qui marque dans ce film. Si les détracteurs reprocheront la place accordée à chacun et qui peut paraître simpliste si on regarde trop vite, c'est qu'ils n'auront pas saisi le côté très humble et simple du film, qui ne prétend pas être plus que ce qu'il est ; et il est déjà beaucoup. Par ailleurs, les clichés sont allégés par certaines phrases qui témoignent d'une profondeur rare dans la comédie. Cela compense quelque peu la présence de certaines séquences un peu superflues, se voulant comiques (Sara Forestier nue dans le métro) ou clin d'oeil (cameo de Lionel Jospin), mais qui font tache face à la multitude de scènes qui dénotent par leur audacité dans l'écriture et la réalisation.


Sara Forestier offre une performance agréable, dont le peu de surjeu est compensé par la fraîcheur et la vivacité qu'elle apporte à son personnage. En face, le calme amusé de Jacques Gamblin s'y allie dans une dynamique pleine d'alchimie. C'est en fait toute une galerie de personnages colorés qu'ils rencontrent, et qui participe au charme du film, chacun amenant sa pierre différente et particulière à un grand édifice qui réunit tous les problèmes identitaires sous la même égide de tolérance et d'humour.

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