lundi 12 mars 2012

"Martha Marcy May Marlene", Sean Durkin

Une jeune femme revient auprès de sa sœur et du mari de celle-ci après deux années de silence qu'elle a passées dans une secte violente et malsaine.


Martha, Marcy May, Marlene. C'est Elizabeth Olsen qui a été chargée d'interpréter cette femme aux multiples noms : en plus d'un joli visage aux airs boudeurs de Juno + quelques années parfait pour le job, l'actrice se distingue par une performance claire, précise et riche. Par son jeu, elle tentera d'implanter de la nuance là où les différentes strates du personnage en manquent parfois dans l'écriture. En effet, le film suit à la fois le retour à la réalité de Martha, et ses jours en tant que Marcy May dans la secte isolée, amenant un rythme intéressant au film qui parvient ainsi à révéler décemment les différents éléments de son histoire, par quelques rappels expliquant a posteriori certains détails du récit (mais laissant d'autres, pourtant parfois plus mystérieux, dans l'ombre).


Ainsi suit-on en miroir le processus d'assimilation de Martha à la secte, et les conséquences psychologiques dévastatrices que cela a engendrées. Cette secte est présentée au spectateur comme à un nouveau venu : elle apparaît d'abord comme une alternative bienveillante à la vie consumériste, avant de révéler de plus en plus son côté perturbant et sombre, jusqu'au crime qui en dégoûte Martha sans équivoque. A ce propos, tout est bien sûr centré sur le charismatique gourou, interprété avec justesse par John Hawkes. L'emprise de ce pervers sur ses sujets est puissante et, même revenue dans le monde réel, Martha semble encore s'accrocher aux rêves qu'il lui a vendus et refuse en bloc le système capitaliste, représenté par le personnage de son beau-frère.


Alors, on ne peut s'empêcher d'être soi-même partagé entre les valeurs que ce dernier défend comme constituants de notre quotidien, et celles auxquelles Martha aspire ou aspirait et que la secte semblait brandir en étendard inoffensif. Si cette dichotomie est assez fascinante, on regrettera que seul le versant social de l'assimilation au sein de la secte soit représenté, en s'attardant beaucoup sur le fonctionnement et les relations au sein de la secte. En omettant les processus psychologiques d'adaptation et d'identification au groupe, le film ne peut que décevoir quand il montre Martha accepter pleinement les premiers horribles faux-pas de son groupe. C'est ainsi qu'un fondu plus progressif vers l'horreur aurait sans doute été préférable. De la même manière, bien que la relation sororale avec le personnage de la correcte Sarah Paulson soit bien établie, on souhaiterait une focalisation sur certains autres personnages très intrigants, tel celui de Katie, très brillamment jouée par Maria Dizzia.


Mais au-delà de ces détails, le film se caractérise avant tout par une ambiance, relayée par une réalisation excellente, profonde et dense, qui porte le tout par d'habiles jeux de cadrages et un remarquable travail de la photographie. L'atmosphère semble toujours au bord du crépuscule, les couleurs se diluent en brun et sépia, le montage est impeccable. Le tout conflue à baigner le long-métrage dans une captivante nuée malsaine, qui se resserrera progressivement comme un étau autour du protagoniste, jusqu'à ce que le spectateur ne puisse pas, lui non plus, différencier la réalité de l'illusion, et reste dans cette inquiétante incertitude, signant une totale adéquation avec les doutes traumatiques de celle qui ne sait plus si elle s'appelle Marlene, Martha ou Marcy May.

2 commentaires:

  1. T'as pas fais "Drive"? Ça me surprend un peu ;)

    RépondreSupprimer
  2. Bien sûr que si, mon ami !
    http://assurement.blogspot.com/2011/10/drive-nicolas-winding-refn.html
    :)

    RépondreSupprimer

Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!