vendredi 26 octobre 2012

"Keep The Lights On", Ira Sachs

C'est l'histoire d'une rupture. Une rupture longue, douloureuse, à corps et à cris, contre vents et marées, aussi peu désirée qu'inévitable. Une rupture entre deux hommes qui s'aiment mais qui finissent par apprendre que ce n'est pas assez. Une rupture qui est la seule solution depuis longtemps mais que personne n'ose regarder vraiment en face, avant qu'il ne soit trop tard, et même alors, l'amour est étiré jusqu'à la dernière goutte, jusqu'à ce qu'il soit complètement submergé par la fatigue, l'épuisement total qui rend la séparation totale et définitive la seule solution pour survivre en tant qu'individus.


C'est une histoire vraie. Enfin, plus ou moins, une œuvre autobiographique du réalisateur. Cela ne se ressent pas vraiment, et tant mieux ; la seule erreur commise à ce niveau est de s'être aussi peu épanché sur le début de la romance, passant très vite à la longue et agonisante problématique du couple. On manque de temps pour s'attacher aux deux personnages et surtout à leur relation, car à peine est-elle montrée qu'on la voit déjà flétrir. Alors qu'une passion aussi puissante est forcément basée sur un bonheur outrageux. Mais le soin accordé à l'image est délicieux et baigne dans une ambiance rétro, les plans aux couleurs automnales s'enchaînent avec grâce et donnent au récit une beauté précieuse malgré son manque d'éclat.


C'est l'histoire d'une épopée. Deux chevaliers dans une quête folle. D'un côté, Erik, incarné par l'attachant Thure Lindhardt, est un réalisateur de documentaire coincé dans son sujet et dans une vie étriquée. De l'autre, Paul, le changeant Zachary Booth, avocat dans le placard, addict et déchiré. Les personnages s'élèvent, se combattent et s'attirent irrémédiablement, toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus mal. Le jeu des acteurs principaux leur apporte les nuances nécessaires tout au long de la décennie de l'histoire. Le scénario s'embourbe et s'embellit de ce conflit constant, comme un merveilleux accident au ralenti ; il n'y a rien à faire, rien à dire, et pourtant on accroche, on suit, on continue, nous aussi.



C'est une histoire d'amour. Un amour passionné, qui malgré les cris et les disputes et les retours en arrière et les problèmes de chacun et l'incompréhension, restera pour toujours une des plus belles histoires d'amour de la vie de ces personnages, si ce n'est la plus belle. Et n'est-ce pas déjà complètement merveilleux ?


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