dimanche 28 octobre 2012

"Pauline Détective", Marc Fitoussi

Prenons Pauline, quarantenaire un brin prise-de-tête, journaliste dans la presse à scandale, se construisant un bonheur irréprochable jusqu'à ce qu'on le lui arrache complètement. Alors, passons à l'Italie, ses Italiens, la sœur star de série B, le beau-frère soumis et le grand hôtel de luxe. Et puis ajoutons quelques affaires de meurtre, juste de quoi rendre Pauline un brin sur-investie dans une enquête qu'elle s'invente au fur et à mesure, pour mieux tromper l'ennui, le chagrin et la crainte de la réalité. Voilà le nouveau film de Marc Fitoussi, successeur de l'excellent "Copacabana", et qui fait un tour vers une comédie indéniable.


C'est bien là le parti-pris du film : un monde enjoué, parfois absurde et toujours kitsch. La majorité des plans sont composés comme autant de patchworks bariolés, les couleurs vives alternent, enthousiasmantes, tout le long du film. Chaque dominante en est caractérisée par les costumes de Sandrine Kiberlain, qui accordent un univers coloré à la Ozon ou à la Fuller, à la fois léché et empli d'auto-dérision. Le délicieux kitsch qui y est saupoudré avec goût achève de faire de "Pauline Détective" une pastille d'allégresse. Les situations, bien que souvent poussives, s'y enchaînent avec une absurdité assumée par le personnage décalé de Pauline.


 Et c'est sans doute là le plus exaltant : voir une Sandrine Kiberlain enfin rayonnante, dans un rôle enfin heureux, enfin souriant, enfin drôle malgré la peine de la protagoniste. C'est elle qui porte le film, délivrant ses répliques rigolotes et concrétisant un personnage peu cerné par l'écriture. Car c'est sans doute là le plus grand manquement du film : tous les personnages sont maigres comme un écran de fumée, unidimensionnels au possible, rendant leur évolution prévisible. A travers cela, seule Kiberlain parvient à briller, mille fois plus que la pauvre Audrey Lamy, qui semble avoir été castée davantage pour sa ressemblance inattendue avec Sandrine, que pour son talent de toute évidence inexistant. 


Alors si par la suite, le scénario laisse à désirer par ses quelques facilités, si l'histoire elle-même tient moyennement debout, et si concrètement on ne peut prendre au sérieux un récit aussi fantasque, c'est justement pour cela que le charme fonctionne et qu'on se retrouve, malgré nous, à vouloir percer les énigmes posées par cet hommage aux sixties. Le dénouement se fait assez surprenant, et aura le bon goût de tout de suite, à nouveau, plonger dans l'auto-dérision, pour faire de ce film sans prétention une des très, très rares comédies françaises réussies, et qui semble ne même pas se rendre compte de son exploit.



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