Barbara est médecin, coincée en RDA en 1980. Elle doit s'adapter à l'hôpital de province où elle a été affectée, dans une campagne où elle est observée jour et nuit, et où un de ses collègues lui montre un intérêt qui la déstabilise. Mais pendant ce temps, elle prépare son évasion avec l'aide de son amant qui réside à l'Ouest...
C'est la plongée dans l'Allemagne de l'Est d'il y a trente ans qui captive d'abord : les décors sont soignés, notamment celui de l'hôpital, minutieusement éclairé et accessoirisé. Avec cohérence, cette reconstitution passe aussi par le choix consciencieux des costumes, des coiffures et des intérieurs. L'ambiance ainsi recréée est surtout sublimée par une réalisation intelligente, qui offre des plans dont la composition est d'une beauté marquante, avec un travail remarquable sur la lumière et surtout sur les couleurs, représentant notamment une nature luxuriante tout autour de la ville. C'est bien là la force de "Barbara" : une forme plastique réussie, pour recapturer une époque passée qui est habituellement caricaturée. Ici, on préfère s'attarder sur les conséquences quotidiennes des mesures politiques : la surveillance constante, la limitation des moyens et des libertés, l'humiliation mentale et physique au quotidien, la méfiance généralisée qui en découle. Un constat simple et efficace, comme une jolie piqûre de rappel, qui souffre cela dit parfois de son manque de subtilité.
Et on touche là au vrai problème du long-métrage : l'histoire de cette femme, personnage froid et décidé, aurait pu passionner, aidée par le jeu distancé de Nina Hoss et la façon dont elle était filmée, comme dans un écrin. Mais le récit se concentre sur des aspects beaucoup moins intéressants : souhaitant apparemment insuffler de la vie dans cette femme meurtrie, le scénario souhaite d'abord exalter la facette "médecin dévoué" de Barbara. Si les patients sont intéressants, la relation que la doctoresse noue avec eux apparaît trop facile et trop rapide, beaucoup trop niaise et infondée. Les conséquences qu'elles auront sur les choix de Barbara seront prenantes à l'heure du choix, lorsque l'étau se refermera sur elle, entre sa motivation première et son devoir professionnel et humain, mais ses décisions finales seront aussi attendues que décevantes. Au lieu d'achever de montrer la cruauté du monde dans lequel Barbara est contrainte de vivre, le film préfère faire de sa protagoniste un modèle de droiture, mais perd en intérêt.
De la même façon, le film choisit de s'articuler avant tout sur la relation entre Barbara et son collègue, André. Le côté unidimensionnel de ce personnage, conséquemment interprété de façon monotone par Ronald Zehrfeld, lèse tout suspens quant aux appartenances politiques de ce dernier. Là encore, son côté profondément juste et droit, en chevalier déchu, agace plus qu'il n'attache. Si quelques scènes seront réussies, l'enjeu amoureux est quant à lui absent : si la narration fait preuve d'une certaine retenue et d'une pudeur, elle passe étrangement à côté de la subtilité, menant à une mixture hétérogène entre la mièvrerie et le détachement. Au total, cette relation n'aura rien eu d'exceptionnel, à l'image d'un film qui partait d'une idée intéressante, que Petzold avait su mettre en place dans un environnement convaincant et sous une caméra virtuose, mais qui fait finalement l'effet d'un pétard mouillé car son déroulement se concentre sur les mauvaises choses et son dénouement n'en est que plus frustrant.
ce rapport à la ratatouille.
RépondreSupprimerj'aime beaucoup ce film, et je pense que si on doit lui trouver un défaut c'est qu'il est trop structuré, avec un début un milieu une fin, il échappe un peu à la complexité de la vie! Contrairement à toi j'ai beaucoup aimé sa relation aux patient, quoi qu'il en soit c'est un film à voir . http://silverparticules.blogspot.fr/2012/06/marathon-fete-du-cinema-jour-1.html
RépondreSupprimervive la VF
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