mardi 25 février 2014

"Viva la Libertà", Roberto Andò

Dans ce film italien, la tête de l'opposition politique est tellement décriée par l'ensemble de la population, partisans y compris, qu'il fuit à Paris chez son ex pour se ressourcer loin des critiques... Et son parti finit par le remplacer par son frère jumeau, bipolaire excentrique, qui, s'il devait juste faire bonne figure en attendant le retour de son frère, s'avère être un politicien chevronné dont les manières originales commencent à séduire les foules et ses collègues...



Le glorieux Toni Servillo porte donc à lui seul cette très bonne idée de départ. Après sa performance dans le remarquable "La Grande Bellezza", on comprend aisément qu'il ait pu être choisi pour cette tâche, qu'il effectue avec brio. Il parvient à faire exister avec une consistance mêlée de mystère chaque frère : d'un côté, Enrico se retrouve face à ses démons, dans un anonymat en France qui lui permettra, progressivement et subtilement, de redéfinir qui il veut être, loin de toutes les considérations imposées dans lesquelles il s'était enchaîné. Il noue notamment une relation touchante avec une fillette et se confronte au passé face à son amie, incarnée par Valeria Bruni Tedeschi qui fait preuve de la sensibilité qu'on lui connaît.



De l'autre, Giovanni se retrouve soudain sous le feu des projecteurs. Aussi lettré que farfelu, il se démarque par sa négation des conventions de la politique et son refus de la langue de bois, sous l’œil fasciné du très bon Valerio Mastandrea. Si on regrette (un tout petit peu, pour le principe) que la maladie mentale soit une fois de plus utilisée pour des ressorts comiques, on appréciera le message qui semble dire que les marginaux en ont peut-être bien plus dans la tête (et dans les actes) que ce qu'on voudrait laisser croire... Ce personnage intéresse par la position incroyable et toujours fragile dans laquelle il se trouve, et Servillo le dessine avec humour et tendresse.


Au total, cette sorte de transposition de "Le Prince et le Pauvre" (ou du "Rat des villes, Rat des champs"...) fait mouche. Elle regorge de moments précieux, de petites pépites de cinéma, et si elle ne dépasse pas vraiment le stade de la fable, elle fait preuve d'une grande intelligence dans la narration. C'est la résolution qui le démontrera une fois pour toutes : la fin, ambiguë et géniale, parvient à sublimer le concept, à l'étendre au spectateur, à le tapisser sur toute la ligne. Avec elle, Andò signe une comédie mordante, construite et maligne.



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