Cette reconstitution de l'époque du début de l'épidémie SIDA est un thème toujours fascinant par l'ampleur, inédite dans la société contemporaine, de cette tragédie sanitaire et de toutes ses conséquences. On redécouvre avec effroi la violente ségrégation réservée aux personnes touchées, notamment l'amalgame entre sidéen et homosexuel, le malade étant littéralement fui comme un pestiféré. Les choses vont plus loin, ici, puisque le focus est mis sur ce phénomène peu connu, mais qui a fleuri à cette période : les "clubs" d'acheteurs de traitements alternatifs.
Mais la véritable performance d'acteur est celle de Jared Letto, dans un rôle difficile et puissant. Il incarne le désabusement amusé de tous ces exclus, qui se retrouvent embarqués ensemble dans une aventure étrange, toujours entre drame et comédie, sans jamais vraiment s'attacher à l'un ou l'autre extrême, laissant une impression en demi-teinte encore renforcée par une fin qui ne semble pas sûre de ce qu'elle veut dire. Le piège du fait-divers historique adapté à l'écran n'est pas très loin, et la décevante sagesse de la mise en scène tranquille vient amplifier cette incertitude... Aussi, le potentiel ne se déploie jamais vraiment, et donc l'émotion est imparfaite. Ce qui captive, c'est surtout le récit soutenu de la force du désespoir.
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