mercredi 26 février 2014

"Dallas Buyers Club", Jean-Marc Vallée


En 1986, à Dallas, un cow-boy comme on n'en voit plus est soudain diagnostiqué séropositif au VIH, avec une espérance de vie d'un mois... Le seul traitement (le fameux AZT de "Angels in America"), en cours d'essai thérapeutique pour une mise sur le marché à un prix fort juteux pour l'entreprise pharmaceutique, ne peut lui être administré. Il cherchera par tous les moyens de se procurer les traitements interdits aux USA, et finira par les distribuer aux membres d'un club très privé...




Cette reconstitution de l'époque du début de l'épidémie SIDA est un thème toujours fascinant par l'ampleur, inédite dans la société contemporaine, de cette tragédie sanitaire et de toutes ses conséquences. On redécouvre avec effroi la violente ségrégation réservée aux personnes touchées, notamment l'amalgame entre sidéen et homosexuel, le malade étant littéralement fui comme un pestiféré. Les choses vont plus loin, ici, puisque le focus est mis sur ce phénomène peu connu, mais qui a fleuri à cette période : les "clubs" d'acheteurs de traitements alternatifs.



L'angoisse désarmée de ces malades rejetés est émouvante bien sûr, et d'autant mieux mise en lumière par la terrible réaction d'un marché pharmaceutique qui y voit avant tout une occasion pécuniaire hors-du-commun et par le contre-pied de la profonde homophobie du protagoniste lui-même (du moins au début, bien sûr...). C'est donc un rôle paradoxal dans lequel Matthew McConaughy, parfaitement méconnaissable, semble s'éclater, et il donne avec enthousiasme la réplique à une Jennifer Garner dont on ne cesse de vouloir applaudir le changement d'orientation de carrière, elle qui a délaissé les blockbusters pour les films indépendants et/ou aux messages plus profonds tels que celui-ci...




Mais la véritable performance d'acteur est celle de Jared Letto, dans un rôle difficile et puissant. Il incarne le désabusement amusé de tous ces exclus, qui se retrouvent embarqués ensemble dans une aventure étrange, toujours entre drame et comédie, sans jamais vraiment s'attacher à l'un ou l'autre extrême, laissant une impression en demi-teinte encore renforcée par une fin qui ne semble pas sûre de ce qu'elle veut dire. Le piège du fait-divers historique adapté à l'écran n'est pas très loin, et la décevante sagesse de la mise en scène tranquille vient amplifier cette incertitude... Aussi, le potentiel ne se déploie jamais vraiment, et donc l'émotion est imparfaite. Ce qui captive, c'est surtout le récit soutenu de la force du désespoir.

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