dimanche 29 décembre 2013

"Suzanne", Katell Quillévéré

BON. Avant de commencer, je vais le sortir de mon système : "JE... SAIS, TU N'EXISTEUH PAS, SUZANNE... POURTANT JE TE PARLE, POURTANT JE TE PAAAAAARLE..." Voilà, maintenant que ça, c'est fait, on peut y aller.


Katell Quillévéré met en scène dans son second long-métrage ce que l'on entend souvent s'appeler un "drame social". Mais c'est sur un quart de siècle qu'elle le fait : on découvre Suzanne et sa grande sœur Maria, enfants, jouer et pleurer avec leur père veuf, incarné avec force par François Damiens, avant de retrouver presque immédiatement tout ce monde dix ans plus tard. Tout le film fonctionnera de cette manière : d'ellipse en silence, les chocs et les drames seront éludés, pour ne s'intéresser qu'à l'après, aux cœurs brisés qui continuent face aux drames inexorables contre lesquels ils ne peuvent plus rien. La narration garde néanmoins une clarté impeccable dans son portrait d'une femme qui se perd et suit sa voie à la fois.


Suzanne, c'est Sara Forestier, la fervente, l'indomptable, la lumineuse Sara Forestier. Tout en gardant les qualités de joyeuse sauvageonne qui font d'elle la comédienne qu'elle est, elle s'assouplit, s'adoucit même, pour devenir parfaitement cette jeune femme, d'abord fille-mère, puis fugitive, criminelle, détenue... Mais ce n'est pas elle que Quillévéré suit pendant ses fugues : ce sont les yeux cernés de la prometteuse Adèle Haenel, sœur épuisée. Les retrouvailles ensuite se font sans heurts, avec l'évidence de l'indicible : loin des hurlements culpabilisateurs ou des violons des circonstances atténuantes, les moments d'émotion s'en feront d'autant plus bruts et étouffants.


En dépit de cela, les erreurs seront recommencées, les drames accumulés, les essais ratés, souvent. Au milieu de toutes ces petites tragédies, on retrouve Corinne Masiero dans le rôle le plus inattendu qu'on ait pu lui donner dans le film et qu'elle interprète avec le talent qu'on lui connaît. Elle symbolise tout ce que le film prétend : la force de continuer, d'essayer encore malgré le malheur que l'on ne peut pas annuler, dans une optique résolument tournée vers l'avenir. Les couleurs d'ailleurs sont vives, l'image ensoleillée, comme ce sourire final de Suzanne, "très heureuse", quand même, malgré tout : les gens qui s'aiment se voient, se comprennent, restent.


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