lundi 16 décembre 2013

"Casse-Tête Chinois", Cédric Klapisch

Ben oui, on a tous vu "L'Auberge Espagnole", puis "Les Poupées Russes". Schématiquement, le premier symbolisait la folie joyeuse de la vingtaine, le second le réveil soudain de la trentaine. La boucle est bouclée, sans doute, avec "Casse-Tête Chinois" qui vient achever la trilogie par la complexité évidente de la quarantaine.


On retrouve donc Xavier, le désormais irrésistible Duris à qui on pardonne ses quelques accès de surjeu, comme on recroiserait une connaissance du lycée : on n'était pas si proches et pourtant on est super contents de se demander des nouvelles. En ce qui le concerne, "c'est compliqué" : il vient de se séparer de Wendy (magnifique Kelly Reilly) qui part refaire sa vie à New York avec leurs deux enfants, qu'il décide de suivre... L'occasion d'emménager temporairement chez Isabelle, campée par Cécile de France que l'on redécouvre avec plaisir dans un rôle affiné auquel elle sait apporter la maturité nécessaire, et à qui il a accepté de donner son sperme pour une insémination artificielle (la PMA, elle est à nous...). Et pour compléter le tableau, beaucoup de péripéties loufoques, parmi lesquelles Audrey Tautou revient dans le rôle de cette Martine mal définie qui ne lui a jamais vraiment convenu, mais qu'elle semble attraper juste à temps.


Les retrouvailles ne s'arrêtent pas là : Klapisch lui-même reprend sa recette habituelle. New York lui offre l'écrin cinématographique éternel, dont il sait profiter par une réalisation claire et aussi foisonnante que son histoire. Celle-ci, encore une fois, part dans tous les sens et finit par se redresser en quelques considérations philosophiques simples mais efficaces. Dans l'entre-deux, s'enchaînent des gags pas toujours bien sentis, d'autres plus réussis, des erreurs, des quiproquos, des pauses, des absurdités et une myriade de clins d’œil. Le niveau - et c'est surprenant - est en fait similaire à celui des deux premiers volumes, dont il vient finaliser le propos avec une évidence insoupçonnée : c'est-à-dire que le film est un peu foutraque, pas toujours creusé mais globalement agréable.


On reconnaîtra à ce "Casse-tête chinois" une résolution assez inattendue quoi que facile avec le recul ; mais elle marquera surtout pour le changement de perspective qu'elle introduit soudain sur tout ce que le film disait jusque là. Cette acceptation pure et simple du casse-tête, cette décision que ce n'est pas si grave. Klapisch, qui semble extatique à l'idée de retrouver toute son équipe, ne peut s'empêcher d'ajouter une dernière séquence de flash-backs et de conclure par une réplique niaiseuse ; on préfèrera s'en tenir à la première fin, bien plus réussie dans cette dualité entre fiction et réalité qui intéresse. Au final, on retiendra ce qu'on voudra de la gentille trilogie de Klapisch : peut-être bien le portrait d'un grand gamin qui avait peur de grandir mais qui, tout à coup, se rend compte qu'il l'a fait sans s'en rendre compte, et dont les mini-révélations successives sont simples mais suffisantes. Et peut-être nécessaires ?


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