samedi 21 décembre 2013

"Les Garçons et Guillaume, à table !", Guillaume Gallienne

T'as vu t'as vu le succès du box-office qui parle de djendeur ? Mais si, mais si, c'est le spectacle de théâtre, là, à propos de la fiotte qui n'en était pas une, ça a bien marché alors le gars en a fait un film et ça cartonne.


Guillaume Gallienne est sur tous les fronts dans ce qui apparaît clairement comme le projet de sa vie. Bien entendu, il joue le rôle de sa mère, avec un talent indéniable et assez incroyable, et, pour son propre rôle, déploie de rares capacités de comédien. De plus, pour cette adaptation au cinéma dont il aurait apparemment toujours rêvé, il choisit le parti-pris intéressant d'en conserver l'origine théâtrale. La mise en scène porte bien son nom : elle passe ici par des séquences qui rythment le film et où Guillaume Gallienne, narrateur, acteur, raconte son histoire sur les planches. Cela permet quelques procédés vivifiants, parmi lesquels les apparitions fantasmées de la mère, ainsi qu'un double-jeu qui porte plus loin la mise en abyme sur l'autofiction.


Mais dans la transition, la structure du film est un peu déséquilibrée. Tout d'abord, certaines blagues fonctionnent beaucoup moins bien, et beaucoup d'anecdotes qui devaient très bien passer en tant qu'apartés deviennent ici sketchs superflus, notamment les scènes de l'inattendue Diane Kruger. De manière générale, l'histoire glisse, parfois, un peu : les questionnements du personnage constituent le sujet principal, bien sûr, mais cela manque rapidement d'enjeu autre que l'auto-contemplation bourgeoise. Cela ne l'empêche pas de toucher très juste, par moments : aussi bien dramatiquement, sur les sujets de l'exclusion, de la discrimination, de la solitude et de la différence, que comiquement, avec en tête la délicieuse arrivée en Angleterre ("It's good for the health!").


On grincera davantage des dents face aux fréquents clichés sur les femmes, les arabes, etc. La résolution majore ce scepticisme dans ce qu'elle soulève. Certes, cette histoire est toujours présentée comme celle, unique, de son auteur, sans jamais prétendre à un caractère universel. C'est sans doute pourquoi elle ne se mouille jamais vraiment sur le sujet de la transexualité ; néanmoins sa fin façon solution psychanalytique de bas-étage (la mère castratrice !) à un problème qui n'était pas censé en être un a des relents d'une droite conservatrice et normative qui s'accorde d'ailleurs très bien avec l'univers des personnages... On préfèrera donc ne pas analyser trop en profondeur cette gentille comédie, au risque d'y trouver, sous couvert de l'honnêteté de parler du sujet, beaucoup de malaise et de méconnaissance quant au genre ; on se contentera de faire comme tout le monde et de sourire sans réfléchir, pire, sans être amené à réfléchir.

2 commentaires:

  1. Je te trouve bien gentil. Je me suis senti insulté perso :/ Le film est quand même foutrement pas sympa envers l'homosexualité....

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Hé les copains, vous pouvez choisir l'option "Nom/URL" pour qu'on sache qui vous êtes. Comme ça si vous me faites des compliments je saurais à qui faire des bisous. Et si c'est des critiques je saurais qui rayer de ma vie. Paix amour bonheur!