mercredi 30 janvier 2013

"Anna Karenine", Joe Wright

Ouch. L'adaptation du chef d’œuvre de Tolstoï. Pire : la treizième adaptation du roman. Avec la fatigante Keira Knightley dans le rôle-titre. Un film distribué à l'UGC, évidemment. Aïe, aïe, aïe. Mais n'ayez crainte : Joe Wright a déjà aussi adapté "Pride & Prejudice", de façon plutôt goûtue, et aussi l'excellent "Atonment", qui faisait preuve d'une réalisation intelligente, fière et astucieuse. Essayons, donc.



Ce qui frappe avant tout, c'est justement la réalisation : c'est elle qui portera le film tout entier, et le rendra finalement bon. Wright se surpasse, en mélangeant, virtuose amusé, les codes du théâtre, du cinéma dramatique et de la comédie musicale. S'en suivent de multiples scènes d'un esthétisme probant, à travers un éclairage brillant, des couleurs foisonnantes et une composition précise ; mais c'est surtout cette succession millimétrée et rythmée des décors, qui se font et se défont de façon à la fois poétique et spectaculaire. Anna Karenina, plus que jamais, se retrouve au milieu d'une scène de théâtre où le public de ses contemporains scrutent chacun de ses mouvements et s'apprêtent à la huer. La portée symbolique de l'ensemble du long-métrage en fait une œuvre d'art à part entière, qui finit de faire de Wright un réalisateur d'une créativité passionnante.



Cette formidable machinerie vole en fait la vedette aux acteurs. Si Knightley est certes meilleure que ce à quoi elle nous a habitués récemment, notamment moins schématique que dans "A Dangerous Method" et plus impliquée que dans "Last Night", c'est moins sa performance que sa beauté utilisée comme parure et sertie dans l'écrin que lui assortit son directeur, qui marquera. Les autres acteurs semblent instrumentés de la même manière ; on remarquera seulement la toujours excellente Olivia Williams. Tous ne sont que pions sur l'échiquier de l'artiste, qui veut ainsi retranscrire la passion aussi spéciale qu'universelle de cette célèbre histoire. Cela dit, toute cette majesté contre-indique l'intimité, et la narration finit par s'essouffler. Alors faisons fi de cette impossible prouesse de faire tenir ce millier de pages dans deux heures bien tenues, et que tout le monde continue de tenter. En reste surtout la grandiloquence : c'est déjà bien.



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