samedi 26 mai 2012

Oui donc voilà.

Bon. Je me retrouve avec un certain nombre, voire un nombre certain, de brouillons d'articles composés uniquement d'un titre de films. Films vus il y a un certain temps, voire un temps certain, et dont j'ai donc oublié une bonne partie des composantes. Cela rend leur critique détaillée difficile, certainement, assurément. Et je doute de l'intérêt de parler en long, en large et en travers de métrages qui ne sont plus à l'affiche depuis déjà quelque temps. Alors bon. Je vous propose (et vous impose) des critiques courtes et concises. Vous apprécierez sans doute le fait de réussir enfin à lire une de mes interminables diatribes jusqu'au bout, mais vous n'imaginez sans doute pas le défi pour moi, logorrhéique chronique, toi-même tu sais. Regardez, j'ai déjà passé six lignes juste pour vous dire ça. Tout ça n'est qu'une très mauvaise idée.

"Oslo, 31 août" / "Oslo, 31. August", Joachim Trier


Le fait que je me souvienne encore du nom du réalisateur sans avoir eu à tricher est déjà très bon signe, ma foi. Ce film était très beau. Il fait partie de ces œuvres étrangement intelligentes tant elles parviennent à dresser le portrait d'un personnage, d'un état d'esprit, d'une société et d'une ville à la fois. Oslo apparaît belle et ensoleillée, sinueuse et profonde, étonnamment éclairée même dans ses recoins les plus sombres. Une sorte de déclaration d'amour évident, appuyée par des témoignages de Norvégiens, natifs ou de passage. Le décor est en fait construit à travers les mots ; et ces mots ne font que souligner davantage les ombres du contraste avec le visage de Anders, protagoniste, qui retourne à Oslo après sa cure de désintoxication. Là, il va essayer de reconstruire sa vie, de retrouver un chemin. Mais les amis se sont assagis, les connaissances se dédouanent, les employeurs ont fermé leurs portes, l'amoureuse est perdue, la famille s'est éloignée. En fait, ne reste que la ville. Dans cette journée magnifiquement filmée, où le froid soleil norvégien imprègne les pellicules, Anders Danielsen Lie, qui partage le prénom de son personnage, l'habite entièrement et nous emmène par la main à travers ce voyage de rédemption jusqu'à son inévitable arrivée. Joachim Trier fait de son œuvre quelque chose de beau et de triste, sans jamais trancher sur l'un ou l'autre :  tout est suffisamment mesuré pour que même les tragédies soient sublimes et que même les extases soient mélancoliques, infiniment, irrémédiablement.


"La Taupe" / "Tinker, Tailor, Soldier, Spy", Tomas Alfredson

Cette adaptation, qui fit beaucoup parler d'elle, a en effet tous les atouts d'un film d'espionnage réussi : ses personnages sont complexes, son interprétation est remarquable, avec mentions spéciales à Gary Oldman et Colin Firth, évidemment, et son récit est rythmé et surprenant. Mais il souffre de cette sale habitude que nous, pauvres humains, avons pris en matière de cinéma : s'acharner à adapter les romans à succès au cinéma. Si cet exercice permet parfois de donner, avec le nouveau format, une peau neuve à l’œuvre, il la dénature le plus souvent. Pour ce genre d'histoire où les personnages se multiplient, où leurs interactions sont subtiles au possible, où le récit se densifie à chaque chapitre, il est toujours difficile d'être parfaitement clair face aux non-initiés. On retrouve alors la séquence de présentation des personnages, et attention, spectateur, tu dois immédiatement retenir toutes les informations qu'on te fait ingurgiter, car on n'y reviendra plus, faute de temps. Et si tu n'es pas au top de ta concentration, tu seras largué le reste du long-métrage, on te laisse sur le bord de la route, on a trop de rebondissements à caser en trop peu de temps. Heureusement, l'histoire est tout de même appréciable, par un florilège de situations intenses et captivantes, et une réalisation légèrement tarantinoïde, dans une photographie grisâtre fort bienvenue. Mais avec tout ça, le film en oublie son plus grand atout : prendre le temps de créer du vivant, de l'habité, de l'humain : "La Taupe" reste un film froid, dont l'histoire est racontée aussi bien que possible, mais qui en oublie ses personnages, qui en oublie, à la façon du système qu'elle dépeint, que l'on peut, que l'on doit s'attacher aux gens pour pouvoir aimer le reste.

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