jeudi 2 février 2012

"Parlez-moi de vous", Pierre Pinaud

Karin Viard campe le rôle d'une célèbre chroniqueuse radio qui répond aux interrogations amoureuses et sexuelles des Français tout en maintenant sa propre identité sous un secret absolu. Mais étonnamment, le film s'éloigne rapidement de ce sujet tape-à-l'œil pour se focaliser presque entièrement sur la vie privée de cette fameuse Mélina, en fait prénommée Claire, dont la vie en solitaire est grevée par la recherche de ses origines... C'est ainsi qu'elle ira sur les traces de sa mère, qui l'a abandonnée à la naissance, et rencontrera la nouvelle famille de celle-ci.

Le film est donc avant tout un portrait : celui de l'éternel paradoxe de la star anonyme et de la conseillère perdue. Pinaud met un point d'honneur à dessiner son personnage principal : si certaines scènes résonneront bien de la souffrance et de la solitude de Claire, beaucoup d'autres traits de mise en scène et de direction de jeu sonneront très faux. On pense par exemple aux TOC caricaturaux de Claire, son besoin de contrôle beaucoup trop explicité, et son côté bourge bien trop mis en avant en comparaison avec les provinciaux, dans un essai comique raté. De manière générale, le film se plante dès qu'il essaie d'être drôle, malgré une Karin Viard qui fait du mieux qu'elle peut et qui, ce sera dit, joue plutôt bien pendant tout le film ; là encore, mieux dans le drame que dans la comédie.



Parce que côté drame, il se passe vite beaucoup de choses, et en même temps très peu. Le film a l'intérêt de retranscrire une frénésie lancinante : on ressent tous les changements par lesquels passent la vie du personnage, mais aussi cette sorte de lent immobilisme dans laquelle elle se plonge à la fois. Le personnage, malgré ses gros traits, en devient plus touchant, plus humain, dans son constant regard blessé sur les événements. C'est là une des réussites d'une mise en scène autrement bien trop proprette et simpliste. D'ailleurs, certains retournements de situation sont certes honteux de prévisibilité, et le film finit même par arriver à un point où l'on s'inquiète de la façon dont il va se terminer, tant semblent se dessiner un happy end sans ambition.


Mais c'est là que le film trouve tout son intérêt, celui qui, malgré ses défauts, le fait sortir de la surface et de la moyenne des films français. Sans trop en révéler, disons qu'il se finit d'une façon à la fois touchante, intelligente, réaliste et sincère. Après une scène tout à fait démentielle où le personnage sort enfin de ses gonds pour réclamer l'amour qui lui est dû, elle s'assagit. Si sa vie n'en finit pas métamorphosée, le très beau discours de fin démontre, par son écriture fine, les changements, nécessaires et suffisants, qui se sont produits en elle grâce à toute cette histoire. C'est en ça que le film devient bon et intéressant : il nous aura fait croire jusqu'au bout qu'il se laisserait aller aux pièges de la facilité, quand soudainement il se redressera pour offrir une fin, et donc une histoire, à la fois juste, belle et vraie.

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