lundi 8 juillet 2013

"The Bling Ring", Sofia Coppola

Coppola, qui peine à se détacher de son étiquette de "fille de" auprès des médias, sort "The Bling Ring", nom donné par lesdits médias à un gang d'adolescents de Los Angeles qui avaient cambriolé plusieurs maisons de stars pour se fournir en vêtements, bijoux et autres chaussures.


Il s'agit donc une adaptation de fait divers. Coppola a lu l'article de Vanity Fair relatant les événements et interviewant les voleurs en herbe, et s'est dit "oh mais dis donc je pourrais en faire un film". Sur le principe, aucune objection. Mais alors que le film se déroule, il apparaît clair que la cinéaste tombe dans le piège typique de ce genre d'exercice : elle ne fait qu'illustrer une anecdote en s'y reposant, et sans entrer dans le détail. La médiocre caractérisation des personnages constitue l'aspect le plus flagrant de cette erreur : leur écriture est certes aussi superficielle que leur personnalité affichée, mais ce côté résolument unidimensionnel demeure extrêmement décevant. Au bout d'une heure trente de film, ces lycéens mi-gangsters, mi-fashionistas ne seront pas plus matérialisés qu'à l'éventuelle lecture de l'article dont ils sont issus. Cela donnera du fil à retordre aux comédiens, Katie Chang (à qui on aurait tant préféré une Ellen Page) et Israel Broussard, qui peineront à trouver sur quel pied danser, tandis que le personnage d'Emma Watson semblera bien étroit pour une jeune actrice de son potentiel. Les autres comédiens seront tout aussi oubliables que leurs personnages superflus, et sembleront faire davantage preuve de présence pour remplir l'effectif de la bande tel qu'elle avait été décrite dans les journaux.


Si le charme de la mise en scène façon "Virgin Suicides" semble bien loin, il reste au film un esthétisme certain. La composition des plans, la longueur des séquences, le choix des décors et des accessoires, les couleurs de l'image et certaines scènes léchées viendront compenser la maladresse de la narration et le simplisme du traitement du sujet. On appréciera le rythme maîtrisé du récit, qui saura faire oublier un côté rapidement feuilletonnant voire répétitif ; mais on regrettera la gêne à manipuler une histoire dont le dénouement est connu, et surtout l'évident manque de travail de fond quant à la signification profonde des agissements des adolescents. La réalisatrice semble satisfaite à soulever certains points (la génération Facebook, l'obsession pour les stars, la recherche du luxe...), sans se rendre compte qu'elle ne les explore pas davantage. Elle n'ose pas critiquer un système qu'elle cautionne à moitié pour les besoins de son film (Paris Hilton lui prêtant sa maison pour le tournage...), et c'est ainsi que son film, malgré ses quelques qualités plastiques et dynamiques, s'ancre définitivement à seulement une page ou deux de la rubrique chiens écrasés.


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