Comment fait-on pour continuer après un chef-d’œuvre comme "The Tree Of Life", palme d'Or au Festival de Cannes 2011 ? Ben, je sais pas, mais pas comme ça, en tout cas.
Mais avant toute chose, rendons à César ce qui est à César : Terrence Malick est un réalisateur de génie. Chacun de ses plans est d'une beauté singulière, chaque prise de vue est colossale, intrigante et captivante. Malick est un virtuose de la forme. Que ce soit dans ces monologues qui flottent en équilibre sur les images, dans cette photographie toujours incroyablement nette et pure, pleine de couleurs chatoyantes sans être piquantes et de formes claires et droites, ou dans cette incroyable puissance de symbolisme. Malick est un artiste, en cela que son œuvre s'articule avec une intelligence suprême. On se sent tour à tour oppressé, enveloppé et porté par ses images. Malick est un esthète, et son film, comme le précédent, est un bijou visuel, de ces films qui font détester quatre-vingt-dix pour-cents des autres films à l'affiche tant ils n'ont, en comparaison, de toute évidence rien compris à l'image.
Là où "The Tree Of Life" s'attachait avec passion et complétude à la vie, "A la Merveille" se présente comme son jumeau consacré à l'amour. Ainsi découvre-t-on deux personnages, joués par Ben Affleck et Olga Kurylenko, tous deux excellents. Ils s'aiment et décident de partir vivre ensemble aux États-Unis (merveilleusement filmés, donc). Mais très vite le bât blesse. Si le procédé de la voix-off éthérée permet d'accéder aux doutes des personnages, on n'a pas le temps de s'attacher à ces personnages, toujours trop lointains, trop immatériels, ni à leur relation, que son mauvais traitement rend banale. Malick semble passer à côté de quelque chose, en ce qui concerne l'amour : la beauté des scènes ne fait pas exister la relation, il manque le sentiment, il manque les viscères.
On pourrait s'accorder alors à retrouver là une volonté d'universalité : offrir un couple peu dessiné pour permettre de parler au nom de toutes les relations. Mais il n'en est rien, quand les phrases sans cesse déblatérées en voix-off sombrent la plupart du temps (à l'exception de quelques citations profondes mais peu explorées), dans la mièvrerie la plus décevante. Ainsi l'amour déchiré de Neil et Marina n'émeut pas, n'inquiète pas, ne touche pas. Leur histoire devient ordinaire, et la tragédie de l'incompatibilité amoureuse a déjà été dépeinte des milliers de fois, parfois avec une urgence et une justesse qui font cruellement défaut ici. Par ailleurs, les personnages de Javier Bardem et de Rachel McAdams, aux rôles en fait minimes, manquent encore plus de direction que le couple-titre. Alors, quand on ne peut plus se raccrocher à la forme à cause de l'absence de fond, ne reste que l'ennui, d'autant plus âpre que l'on sait Mallick capable de mieux. Il n'aura ici qu'appliqué en vitesse la recette de "The Tree of Life", mais ces moyens ne sont pas adaptés à "To The Wonder", et cette incongruence rend l'ensemble pataud. En espérant que la prochaine fois, le thème sera traité avec la minutie qu'on lui connaît, et non pas en rapidité, sans trouver l'adéquation entre la forme et le fond, il faudra attendre le long-métrage suivant, alors, sans faute.
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