Ce film allemand fait dans l'unité de temps. A la façon d'un "The Hours" ou encore "Before Sunrise" (dont je parlerai très prochainement), il se prête au délicieux et souvent exutoire exercice du dessin d'un personnage à travers son suivi pendant vingt-quatre heures. Niko, bientôt trentenaire, va pérégriner dans Berlin lors d'une très mauvaise journée. Il se fait rapidement rejeter de la société, via son père qui lui coupe les ponts, un psychologue qui lui refuse la récupération de son permis ou encore cette machine qui avale sa carte bancaire. L'empathie pour ce protagoniste paumé fonctionne immédiatement.
Ne lui reste plus qu'à tracer sa route. Et à travers la capitale, filmée avec soin et goût dans des plans picturaux qui la représentent entière (au plus grand plaisir de
mon accompagnatrice aussi assidue qu'experte), à la fois moderne et porteuse d'histoire, il va aller de rencontre en événement, selon une narration un peu feuilletonnante mais suffisamment rythmée. Sa journée prend vite des airs de quête existentielle, et cette recherche identitaire hasardeuse d'une génération désabusée résonne très fort avec une ambiance Nouvelle Vague assumée, que vient renforcer le noir et blanc de l'image, donnant un côté intemporel à cette histoire banale et excitante.
Les dialogues sont justes, parfois absurdes, souvent savoureux. Ce sont eux qui forgeront l'interminable journée de Niko sans jamais la rendre angoissante. Le film, pareillement, se tiendra toujours en équilibre entre la légèreté et la profondeur, la douceur et la contrariété, le quotidien et l'incroyable. La gueule boudeuse de Tom Schilling achèvera de faire de "Oh Boy" une œuvre qui touche par sa sincérité absolue et par sa liberté enragée.
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